L’exposition « Alger, Climat de France » présente au Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône présente une série de photographies et de vidéos récentes de Stéphane Couturier. Un projet qui met en images l’architecture et la vie quotidienne d’un quartier d’Alger.
Alger entre répétition des lignes et courbes colorées
Les images se suivent et souvent se ressemblent : larges façades blanches dont l’uniformité est seulement rompue par la variété des fenêtres, grilles et rideaux qui garnissent leurs ouvertures. Dans ses étendues verticales de béton, la matière textile, mouvante, irrégulière, colorée, sème des preuves de vie. A la linéarité des murs s’opposent les courbes des rideaux multicolores flottant au vent, la riante pagaille du linge accroché aux balustrades ou sur des fils reliant une fenêtre à une autre.
Les photographies de Stéphane Couturier se nourrissent de répétition et de superposition : celles des formes rectilignes des murs d’immeubles modernes dans la série Façade, celles des traits horizontaux formés par de gros paquebots stationnés en mer, visible au-dessus de la ville dans Alger – Bab-El-Oued n°2 ou encore celles des lignes d’un grillage dans le cliché Alger – Kasbah – Photo n°2. la composition des photographies s’accorde à l’objet du projet entamé en 2011 par Stéphane Couturier.
Photographier Climat de France, la plus grande cité d’Alger
Le projet « Alger, Climat de France » s’intéresse à la cité d’Alger du même nom, la plus grande de la ville, construite en 1957 par Fernand Pouillon. Celui-ci, personnalité emblématique de l’architecture des années 1950, fut un des principaux acteurs des années de reconstruction qui suivirent la deuxième guerre mondiale. Erigée alors que se déroulait la guerre d’Algérie, la cité Climat de France a toujours connu une histoire agitée : lieu d’affrontement entre le gouvernement et le GIA pendant les années 1990, elle est aujourd’hui le théâtre de nombreux trafics.
Par un traitement très réaliste, les photographies de Stéphane Couturier témoignent de l’évolution des bâtiments de la cité Climat de France. L’éphémère, lié à l’existence actuelle et quotidienne des hommes et femmes qui les habitent aujourd’hui s’inscrit par mille détails vivants tandis que dans les lignes architecturales se lisent les strates temporelles. On lit l’empreinte laissée par l’histoire dans ces façades autrefois conçues comme un monument et aujourd’hui délabrées, dans la terrasse devenue bidonville et les caves servant d’habitations.