— Éditeurs : Le Rectangle, Lyon / Goethe Institut, Lyon / Galerie Thaddaeus Ropac, Paris
— Année : 2003
— Format : 21 x 28 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 55
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-9515553-5-0
— Prix : 15 €
Prêt-à -porter
par Laurent Godin (p. 3)
Cette publication présente un ensemble d’œuvres réalisées par Stephan Balkenhol entre janvier et avril 2003 : environ vingt-cinq nouveaux personnages, hommes et femmes, prêts à revêtir les sentiments, les histoires et les identités que celles et ceux, qui les rencontreront, voudront bien leur attribuer.
Ces personnages sculptés dans le bois et peints à l’acrylique ne font qu’un avec leur socle, en une association constitutive. Leur traitement est brut, la vitesse d’exécution évidente, les traces d’outils, les accidents, les aspérités sont visibles.
Sourds et muets, ils ne représentent personne en particulier, portent des vêtements ordinaires et sont figés dans des postures banales, excluant toute dimension expressionniste. Le plus souvent en pied, ils sont de taille variable, mais toujours plus petits ou plus grands que l’échelle humaine « afin d’établir clairement un espace pour l’imaginaire ».
La figure humaine chez Stephan Balkenhol, simple « possibilité d’une forme de reconnaissance spontanée du sens » est employée pour son caractère universel et immédiatement identifiable, laissant place ainsi à l’expérience physique de la sculpture, à la perception individuelle et intime du regardeur.
En nous invitant à investir un espace laissé vacant, les « figures silencieuses » de Balkenhol nous déstabilisent et nous engagent à interroger nos propres comportements et attitudes, ainsi qu’à reconsidérer notre regard sur l’autre et sur nous-même. Énigmatiques et secrètes, elles nous invitent à entrevoir le caractère imaginaire, subjectif et fictionnel de notre relation au monde et à ses représentations.
Les œuvres de Balkenhol ont le mérite de ne rien chercher à nous imposer, de ne rien ajouter. Au contraire, elles nous offrent la possibilité rare d’un répit et d’une mise à distance face au principe d’exhibition et de transparence, qui semble devoir régir toujours plus le monde contemporain.
(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions du Rectangle)