Communiqué de presse
Arnaud Maguet
Spleen le Jeune
«Extrêmement diversifiée, l’oeuvre d’Arnaud Maguet interroge les fondements de la subculture des années 50 à 70. Partant en premier lieu de la sphère musicale (rock’n’roll, punk, krautrock, hip-hop, free jazz, psychédélisme, musique répétitive…), tout en croisant les films expérimentaux de Kenneth Anger ou Andy Warhol, le graphisme D.I.Y, la littérature undergound, le cinéma populaire (et toutes les lettres qui le classifient, de B à Z et vice-versa), ce sont un grand nombre de légendes plus ou moins connues qui sont convoquées.
Le lien qui réunit ces dernières se constitue autour d’une esthétique garage — ou comment, après avoir raté dans l’urgence et en beauté le modèle espéré, on finit par s’émerveiller du résultat plutôt que de s’en accommoder. À l’instar de T.W. Adorno qui soulignait le «caractère fétiche dans la musique», les pièces d’Arnaud Maguet transforment toutes ces légendes en reliques de notre mémoire collective, amplifiant ou déformant les fictions.
Il construit ainsi une oeuvre dans laquelle chaque élément rajouté complète le programme d’un spectacle qui se forme au moment même de sa réalisation, créant un label de musique (Les Disques en Rotins Réunis), tout en devenant lui-même membre de groupes (ALPHA-60, Beauty & the Beat, the Groovers, Fingers On You)». Texte issu du catalogue Arnaud Maguet & Guests, BlackJack Editions, 2009.
L’artiste nous livre ci-dessous sa vision de l’exposition «Spleen le Jeune». Volontairement énigmatiques et succints, ces repères décrivent les oeuvres exposées:
Ralph: en allemand, pour décrire une situation, il y a ce concept du film. C’est un concept quotidien: «J’ai rencontré Untel dans tel film». Chacun a son film. Florian: en allemand, il y a une expression: «marcher à côté de soi même». Cela veut dire qu’on est absent et conscient de l’être. Kraftwerk interviewé par Yves Adrien in Rock & Folk #137 (juin 1978)
Spleen le jeune c’est, au milieu des fumerolles d’un cimetière de pacotille, hurler à la lune le chant électrique.
Spleen le jeune c’est un hommage doré au bon goût du maître de maison, l’Ambassadeur.
Spleen le jeune c’est un mémo pour tenter d’arrêter ce genre d’hommage/prétexte à l’avenir, s’il y en a un.
Spleen le jeune c’est un petit monument au found footage qui rase les murs.
Spleen le jeune c’est un orchestre de fortune qui, dans l’obscurité, ourdit a capella et sans trop y croire, la prochaine révolution.
Spleen le jeune c’est, au bout du fil, une boîte qui clignote seule dans la nuit, un flightcase attaché qui ne s’envolera jamais.
Spleen le jeune c’est l’empreinte de ce que font des mains qui, chaque jour de l’année, tentent d’écrire en vain, encore,
l’autre chanson pop et remettent chaque jour cet ouvrage sur un des plus vieux métier du monde.
… Aujourd’hui, on ne peut sérieusement affirmer rien d’autre. Il en sera donc ainsi.