Communiqué de presse
Wim Vandekeybus
Spiegel (Miroir)
Horaire : 20h30
— Mise en scène, chorégraphie et film : Wim Vandekeybus
— Musique : Arno & Ad Cominotto, David Byrne, Thierry De Mey, Pierre Mertens, Marc Ribot, Peter Vermeersch
— Assistant mouvements, directeur répétitions : Iñaki Azpillaga
— Dramaturge et assistante de Wim Vandekeybus : Greet Van Poeck
— Stylisme : Isabelle Lhoas assistée de Frédéric Denis
— Scénographie : Wim Vandekeybus assisté d’Isabelle Lhoas et Daniel Huard
— Toile : Johan Daenen
— Lumières : Wim Vandekeybus, Francis Gahide, Ralf Nonn
— Son : Benjamin Dandoy avec Laura Arís Alvarez, Konstantina Efthimiadou, Elena Fokina, Robert M.Hayden, Germán Jauregui Allue, Jorge Jauregui Allue, Ulrike Reinbott, Manuel Ronda, Helder Seabra acteurs filmIñaki Azpillaga, François Brice, Carmelo Fernandez
Création à partir d’extraits des pièces What the Body Does Not Remember (1987), Immer das selbe gelogen (1991), Bereft of a Blissful Union (1996), 7 For a Secret Never to Be Told (1997), In Spite of Wishing and Wanting (1999), “Inasmuch as life is borrowed…” (2000)
Spiegel (2006), titre de la pièce-anniversaire des vingt ans de la compagnie Ultima Vez du chorégraphe Wim Vandekeybus, signifie «miroir» en flamand et en allemand. Un brin narcissique pour signer l’envergure de ce spectacle sobrement composé d’extraits dont les premiers remontent à 1986. Plus qu’un miroir, Spiegel pourrait être un rétroviseur dans lequel les images du passé surgiraient de loin tels des flashes aveuglants pour se dissoudre presque aussi vite comme un mirage. Le plateau est vide et obscur. Une nudité impeccable pour ce travail de mémoire qui va faire défiler vingt ans de danse en une heure trente. Ce sont les neuf interprètes, dont certains tout jeunes et fraîchement arrivés dans la compagnie n’ont d’ailleurs pas connu la plupart des spectacles évoqués, qui ont choisi les séquences après avoir visionné trente-six heures de vidéo. En accord avec le chorégraphe, parfois surpris par les choix de son équipe, Spiegel ne veut pas être un “best of” qui prendrait l’air d’un florilège un brin compassé à l’opposé de la danse excessive et intimement violente de l’artiste flamand. Plutôt une série de motifs fondateurs qui filent droit au cœur de cette œuvre que l’on «ne peut pas juste danser » selon la formule de Vandekeybus.
Il a fallu attendre vingt ans pour que le chorégraphe accepte de se pencher sur son passé, de se retourner pour considérer simplement son parcours et ce qu’il en reste. L’idée de répertoire ne le passionnait pas et ne l’intéresse toujours pas, même s’il a ajusté en joaillier ces éclats de danse. Enchâssés les uns dans les autres, biseautés net, ces extraits se répondent les uns aux autres dans un flux limpide qui se moque de la chronologie mais signe une pensée du corps irréductible. Très abstrait sous ses couleurs charnelles et crues, Spiegel ressemble, selon Wim Vandekeybus, plus à un concert dansé qu’à un spectacle chorégraphique au sens convenu du terme. Les musiques qui servent ce remix sont signées par des complices de longue date comme le guitariste Marc Ribot, David Byrneou encore le chanteur Arno. Non content d’avoir compressé des matériaux, amélioré même certains éléments qu’il jugeait encore imparfaits, Wim Vandekeybus atteint avec Spiegel une sorte d’épure.
Étrangement, si les fans de la première heure se souviennent de chaque scène sans pouvoir toujours épingler le spectacle dont elle est issue, ils les revoient aussi comme s’ils les découvraient. Cela pourrait s’appeler la grâce. C’est un souffle de vitalité intense qui fouette le public comme un secret de jouvence. Spiegel est non seulement une superbe pièce montée mais aussi une œuvre à part entière.