David Renggli revient chez Valentin pour sa troisième exposition personnelle. Assagi, beaucoup moins versé dans le monumental, l’artiste suisse continue tout de même de construire son fragile château de cartes qui fait se côtoyer la sculpture, la peinture et une infinie collection d’objets hétéroclites.
Peu de certitudes chez lui. Plutôt un monde fractionné comme un cabinet de curiosités. On y croise donc de vieux livres élimés, des bouteilles d’alcool presque vidées, des animaux faussement empaillés, des sculptures et des tableaux «modernistes». Un conglomérat à l’allure boiteuse jeté à la va-vite comme des souvenirs qui s’évanouissent et se superposent.
Se superposent, c’est le cas de le dire. Les installations de David Renggli ne tiennent que sur une jambe. Toujours à la limite de la rupture, les possibles déraillements de ces fragiles créatures répondent aux embardées de langage du titre. «Spahagetti» comme s’intitule l’exposition. Plus qu’une faute de frappe, un manifeste pour rétablir l’arbitraire dans l’acte de création.
L’erreur est donc une option envisageable. Malgré tout, ce fourre-tout précaire porte la signature d’un expert de la mise en scène. David Renggli a fait de cette fragilité consciente une force et une preuve de son savoir-faire. Il n’y a qu’à voir ses étranges sculptures en tube métallique pour se convaincre de sa maîtrise technique.
Si l’humour et la joyeuse indiscipline qui ont marqué quelques unes de ses pièces font ici quelque peu défaut, il n’en reste pas moins que l’habileté de David Renggli réside toujours dans son savoureux mélange d’objets.
Un mélange qui, lui non plus, n’est jamais totalement factice. Sous le déballage, les jongleries du verbe et de la forme qui le rapproche de Picabia ou de Man Ray, il y a en creux cette définition de ce que pourrait être une nouvelle postmodernité.
Car par-delà la réification d’objets multi-référencés, David Renggli ne cherche pas à renouer le lien domestique qui nous retient à eux. Au contraire, assemblés, et même mal assemblés, ils constituent une histoire qui nous échappe, établissent de nouveaux repères dans lesquels, pour la première fois, nous ne jouons plus les premiers rôles.
— David Renggli, Strippen für piepen in dunkel, 2010. Métal, peinture. 100 x 65 x 100 cm
— David Renggli, Yes, maybe you’re right but let me think about it, 2010. Verre, métal, livres, électronique. 70 x 70 x 35 cm
— David Renggli, Yes maybe, you’re right but let me think about it, 2010. Verre, métal, livres. 124 x 35 x 38 cm
— David Renggli, Der tag an dem ich die nacht erfand, 2010. Plastique, plumes, peinture, bois, céramique, verre. 160 x 60 x 50 cm
— David Renggli, Working Title « Police Romance », 2010. Verre, aluminium, bois, peinture, autocollant. 162 x 128 cm