Fabrice Gygi, Vincent Lamouroux, Philippe Decrauzat, John M. Armleder, Alain Bublex
Printemps de septembre. Là où je vais, je suis déjÃ
C’est dans la violence et la terreur sécuritaire du monde contemporain que Fabrice Gygi trouve l’essentiel de ses formes critiques, sculptures, performances, gravures ou installations. Tribunaux, tentes, aires de jeu, barrières anti-émeutes, instruments de torture, grillages interrogent les mécanismes de l’autorité et placent le spectateur dans une situation ambiguë : «Chaque citoyen(ne) est une figure autoritaire potentielle, puisque sa position est toujours contiguë et perméable au pouvoir».
Entre science-fiction et quantique physique, l’artiste Vincent Lamouroux oeuvre notamment à une conception ouverte de la sculpture, élargie au champ entier de l’espace. À l’exemple de Scape (2005-2006), sa fameuse rampe de flipper qui traversait tout l’espace du Mamco de Genève et plus tard du Palais de Tokyo. L’art virtuose de mettre en apesanteur la notion de «sculpture monumentale».
Sur toile ou wall-over, en installations et avec sculptures, la peinture de Philippe Decrauzat élabore de complexes compositions visuelles avec une gamme de couleurs assez limitée, privilégiant le noir et blanc. Pas un hasard si son oeuvre se nourrit d’influences très diverses, où le psychédélique se conjugue au minimalisme conceptuel, où l’Op art fait bon ménage avec le cinéma expérimental. Bandes, lignes, plans, aplats, tout est bon pour faire vibrer la surface et sortir l’oeil de ses perceptions ordinaires.
Figure majeure de la scène suisse et artiste internationalement reconnu, John Michael Armleder fonde en 1969 le groupe Ecart, proche de l’esprit Fluxus, et se fait ensuite remarquer pour ses Furnitures Sculptures associant objets de mobilier et peintures. Investissant tous les médiums, ne se réduisant à aucun style et critiquant même la notion de style, son oeuvre polymorphe interroge l’abstraction, l’idée d’oeuvre, la notion d’auteur et les contradictions de la modernité.
«Dans le monde actuel de l’exposition, un musée qui ne met pas en perspective les possibilités qu’offre la contextualisation des oeuvres est un musée qui s’asphyxie. Or John M Armleder a continûment réinventé la manière d’exposer son travail et celui des autres. Son spectre est très large, il peut travailler au plus grand de la saturation et au pire de la raréfaction. On va donc organiser un dialogue avec lui dans les parties latérales des Abattoirs. Il s’agit de demander à un artiste de regarder les ressources de la ville en matière de collections publiques, et de les donner à voir autrement : pour introduire une crise dans le musée même, une crise de sa représentation et de sa manière de se représenter l’art. De ce point de vue, l’artiste a une légitimité plus grande que le commissaire ou le directeur de musée. On espère ainsi donner un avant-goût de ce que pourrait être une circulation créative des collections». Christian Bernard
À l’image de Glooscap, cette ville imaginaire dont il relate et documente l’évolution sur plus d’un siècle, Alain Bublex déploie depuis le début des années 90 un art certain du récit. Quand bien même ses divers chantiers prennent les formes descriptives de la photographie ou celles momentanément arrêtées du paysage. Une contre-manière de préférer sans cesse l’activité en cours au produit fini de l’oeuvre. De maintenir une fiction d’activité, et l’activité d’une fiction.
Alain Bublex s’est vu confier la construction d’un module d’exposition présent à l’année dans le hall des Abattoirs. Une time capsule qui rassemblera de la documentation visuelle sur les expositions en cours et permettra d’anticiper sur la prochaine session du Printemps.