David Adamo, Luca Bertolo, Ann Craven, Patrizio Di Massimo, Quynh Dong, Simon Fujiwara, Vibha Galhotra, Luigi Ghirri, Oliver Laric, Agnes Lux, Monali Meher, Aleksandra Mir, Ylva Ogland, Matteo Rubbi, Servomuto,Bianca Sforni, Santo Tolone, Alice Tomaselli, Josh Tonsfeldt et Entang Wiharso
Souvenir
Commissaire: Lucie Fontaine
Ce projet est fondé sur l’idée de souvenir, terme récurrent — avec des acceptions légèrement différentes — dans les lexiques français, américains et italiens.
Le souvenir est un objet qui sert de rappel. Il évoque le souvenir d’un lieu précis. Trophée de voyage, il authentifie une expérience qui sort de la routine du quotidien — d’où son aspect particulièrement évocateur et «caractéristique» du lieu d’où il vient, et auquel il est censé appartenir. En achetant un souvenir, un condensé, le visiteur passager s’efforce de mieux connaître la réalité à laquelle il ou elle a été brièvement en contact.
Le souvenir n’entre en fonction que lorsque le voyage est terminé. Il possède une double fonction: certifier que l’on a bien été là -bas, et engendrer un sentiment de regret et de nostalgie. Il établit un dialogue entre l’expérience exotique au cours de laquelle il a été acheté, et l’environnement domestique dans lequel il est généralement exposé. Il devient l’incarnation d’une identité immédiatement consommable.
Le souvenir est lié à certains aspects du tourisme et du voyage qui sont en pleine transformation aujourd’hui. Dans la nouvelle dynamique de cette réalité de plus en plus poreuse et jetable dans laquelle nous vivons, la production et la circulation des objets ne sont plus nécessairement réalisées localement.
D’une part, le souvenir voyage avant même le touriste: vous pouvez trouver des gondoles vénitiennes fabriquées à Taïwan ou des tours Eiffel miniatures fabriquées en Chine. Une fois de plus, les désirs d’authenticité et d’identité réelle se trouvent déplacés et déformés.
D’autre part, un collectionneur de Bruxelles peut contacter une galerie parisienne afin d’acheter une peinture réalisée par un artiste lui aussi installé à Bruxelles, alors que la même peinture aurait pu être réalisée à Bruxelles, envoyée à l’espace newyorkais ou hongkongais de la même galerie française afin d’y être exposée, puis transporté vers son lieu de stockage principal à Paris et enfin transmise au collectionneur à Bruxelles, où elle a été initialement créée.
Dans ses tentatives répétées pour interroger les notions d’authenticité, de créativité, de signature et de travail, Lucie Fontaine utilisera un format d’exposition inspiré de l’esprit de Walter Benjamin, qui affirmait: «L’art se définit seulement au sein de l’histoire appelée Histoire de l’Art. Les artefacts présentés dans cette exposition ne sont pas des œuvres d’art. Ce sont plutôt des souvenirs, des échantillons prélevés de notre mémoire collective.»
Vernissage
Samedi 22 juin 2013