Adel Abdessemed, Antonin Artaud, Jean-Michel Basquiat, Bruno Botella, Larry Clark, Lucien Clergue, Carsten Höller, Bryan Lewis Saunders, Daniel Pommereulle, Jeanne Suspluglas
Sous influences
Les artistes, toujours à la recherche d’accès à la création, de passages, de déclencheurs, de transgressions, de stimulations, de routes vers des imaginaires transmissibles, ne pouvaient guère éviter d’en tenter les effets.
Hors de tout jugement moral, de prises de position socio-juridique, d’interprétation psychologique ou de choix esthétiques prédéterminés, l’exposition proposera des exemples, évidemment non-exhaustifs, de rapprochements entre les processus créatifs et l’utilisation de produits à effets psycho-dynamiques.
L’aspect le plus directement accessible est celui de la représentation plastique de produits ou de leur usage. Cette iconographie dépend beaucoup de l’état des mœurs et des rapports de force entre les expériences transgressives et les législations adoptées par la société. La grille de lecture des œuvres varie donc entre le documentaire historique et le critère esthétique. On y joindra les affiches psychédéliques américaines des concerts de pop-musique, la publicité et une sélection de livres et publications sur ce sujet.
Un deuxième champ sera celui d’œuvres, qui, sans ou avec l’intention de leurs concepteurs, produisent pour les spectateurs des effets approchant ceux des psychotropes (installations, environnements, dispositifs psycho-sensoriels).
Le troisième corpus, au cœur de cette problématique, est celui des œuvres réalisées de façon volontariste ou en concomitance avec des prises de produits psychoactifs: usagers de drogues produisant des œuvres plastiques ou artistes expérimentant des modificateurs de la pensée à des fins de recherches créatives.
Films et vidéos prennent une part importante dans l’exposition, car ils semblent permettre, par la prise en compte du temps dans l’expression plastique, des tentatives originales de transcription et de documentation des modifications de pensée ou de perception.
Anciennes et nouvelles substances psychotropes ont de fait servi à certains artistes de déclencheurs de créativité, de vecteurs de voyage vers des «folies» qu’elles aient été parfois non maîtrisables ou productrices de souffrances. Leur traduction dans le champ esthétique ici présenté permettra à chacun d’en ressentir la constante complexité des effets.
Antoine Perpère
critique
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