Le peintre français Pierre Soulages, âgé de 91 ans, sera bientôt honoré d’un musée. Une marque de respect, qui n’arrive qu’exceptionnellement du vivant des artistes.
Le 20 octobre, l’artiste a symboliquement posé la première pierre de son musée, qui ouvrira dans sa ville natale, à Rodez, au printemps 2013.
En 2005, l’artiste avait fait deux donations importantes: une au Musée Fabre de Montpellier et une à la communauté d’agglomération du Grand Rodez. La première était composée de vingt toiles réparties entre 1951 et 2005. Elle a rejoint les deux nouvelles salles du musée, réaménagé pour l’occasion. La seconde donation a carrément motivé la création d’un nouveau musée, entièrement consacré à l’artiste.
La donation de Rodez compte 500 pièces: 21 huiles sur toile s’échelonnant de 1930 à 1970, une centaine de peintures sur papier, dont les célèbres brous de noix, toute son oeuvre imprimée (lithographies, eaux-fortes et plaques de cuivre) et quelques bronzes. Y seront également retracés les travaux préparatoires de l’artiste pour les vitraux de Conques. Selon Soulages, le musée « montrera tout ce qui a précédé l’installation des vitraux à l’abbatiale de Conques. Il permettra de relier les processus de fabrication aux buts artistiques. Aucun musée ne propose ça aujourd’hui et c’est parce que le concept est différent» qu’il a accepté ce projet (La Dépêche, 21 oct. 2010).
L’artiste a également insisté pour que le musée reste un lieu vivant et qu’il programme des expositions temporaires, ouvertes à toutes les formes artistiques et d’envergure internationale.
Le bâtiment, signé par les architectes catalans RCR, a été pensé dans un style proche des peintures de l’artiste. Sobre et de couleur sombre, il est composé de cinq volumes monolithes, de formes géométriques et d’acier cortex. Il abritera 1500 mètres carrés d’espaces d’expositions permanentes, 500 mètres carrés d’espaces d’expositions temporaires et un restaurant.
Quel sera l’impact de ce nouveau projet sur le développement de la région? L’artiste est au sommet de sa gloire. Il a réussi à déplacer 500 000 visiteurs lors de sa rétrospective au Centre Pompidou en 2009. Toutefois, certains élus locaux craignent que le musée ne s’adresse qu’à un public averti et peu nombreux. Jean-Louis Chauzy, président du conseil économique, social et environnemental de Midi-Pyrénées, a dénoncé le coût de fonctionnement du musée, qui devra être supporté par la seule agglomération.
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