Présentation
Pierre Encrevé
Soulages. 90 peintures sur toile. 90 peintures sur papier
Présentation de 90 peintures sur toile par Pierre Encrevé
« Si l’on regarde mes toiles dans leur diversité, me disait Soulages à propos de sa dernière rétrospective parisienne, leur succession apparaît non comme une fatalité, mais comme l’exercice d’une liberté » : liberté du peintre, liberté de la peinture, liberté promise à celui qui désarme devant l’œuvre son regard pour tenter de la voir.
Nous avons choisi ensemble les quatre-vingt-dix peintures sur toile que voici parmi toutes celles qu’il a peintes en déjà soixante années de libre exercice. L’existence du catalogue raisonné de sa peinture sur toile de 1946 à 1997 donne à l’ensemble réuni ici un sens particulier : non pas tenter de faire découvrir l’œuvre dans toute son ampleur, mais proposer une suite ordonnée de tableaux où le regard du peintre lui-même ressaisit le déploiement de son travail dans ses singularités, ses lignes de force, ses rythmes, sa diversité dans son unité, son renouvellement incessant dans la formidable permanence de l’affirmation d’une grandeur de la peinture et dans la peinture.»
Présentation de 90 peintures sur papier par Pierre Encrevé
« Ce qui échappe aux mots, ce qui se trouve au plus obscur, au plus secret d’une peinture, c’est cela qui m’intéresse. » Il y a une intimité des peintures sur papier de Soulages — pour le peintre, sans doute, qui ne les expose que rarement, comme pour conserver plus longtemps son lien de proximité, mais plus encore pour le regardeur : quand les immenses polyptyques sur toile l’obligent à se tenir à distance et à se déplacer devant eux, sans parvenir pourtant le plus souvent à en saisir l’ensemble d’un seul regard, les papiers, même les plus grands, incitent au contraire au regard rapproché, s’offrent à la saisie simultanée de toute leur surface, invitent à la méditation immobile. Ils proposent une émotion d’une autre nature, où la violence du tête-à -tête avec les signes verticaux des premières années, tout comme la luminosité apollinienne des champs colorés des années récentes ou le crépitement lumineux des derniers « noir et blanc » acquièrent une intensité incomparable.
Dans les peintures sur papier, par contraste ou par transparence, concentrée ou dispersée, étale ou agitée, la lumière de Soulages, plus je me rapproche d’elle, plus je suis face à son secret.»
Pierre Encrevé est linguiste et historien de l’art.