Josh Smith, Sophie von Hellermann
Sophie von Hellermann & Josh Smith
L’exposition associe et confronte les oeuvres de deux peintres de la même génération : Sophie von Hellermann et Josh Smith. Tous deux partagent une approche de la peinture comme processus de création continue, un flux dont la quantité remet en cause la notion même de chef d’oeuvre et ouvre des pistes pour ouvrir un espace pictural renouvelé.
Pourtant, leur énergie et liberté communes s’expriment dans des projets radicalement différents. Comme d’autres artistes de sa génération, von Hellermann s’autorise à puiser dans l’histoire de la peinture et des libertés progressivement acquises pour creuser sa voie singulière. A partir de cet espace, l’artiste utilise la peinture comme un instrument qui lui permet tout à la fois de s’approprier et de s’absenter de la réalité. Les tableaux de Sophie von Hellermann condensent chacun une histoire, parfaitement contenue dans les limites du cadre, mais trouée de l’intérieur.
Ces espaces vides donnent leur pouvoir d’évocation à ses oeuvres, une capacité à absorber d’abord le regard avant d’ouvrir l’imaginaire et la mémoire de la sensation.
Les sujets de sa peinture, essentiellement narrative, sont à l’intersection d’une histoire personnelle et d’une histoire collective qui nourrit son imaginaire, sans qu’une frontière bien définie existe entre les deux.
Une exécution rapide et une production abondante, un style désinvolte, des narrations qui confondent son expérience quotidienne et des situations rencontrées dans la fiction ou dans l’histoire, un amalgame permanent entre le trivial et le grandiose sont autant d’instruments qu’elle utilise pour transgresser toutes les règles de la bienséance picturale.
Smith se réfère plus explicitement à une histoire de la peinture qui, dans son épuisement, pesait comme une menace castratrice sur ses aînés et qu’il transforme en un répertoire de formes, libre de droits. Avec ses références explicites à l’histoire de la peinture, son style « expressif », ses effets de signature et son absence de sujet, l’oeuvre de Josh Smith pourrait paraître inactuelle. C’est que Smith refuse d’utiliser signes et sujets pour affirmer sa contemporanéité. Comme tous ceux auxquels il se réfère – Kirchner, Picasso, Haring ou Wool – Smith n’utilise pas la peinture pour illustrer un projet, mais choisit de penser «en peinture».
La quantité d’oeuvres qu’il produit – un phénomène qu’il choisit de mettre en scène dans ses installations – témoigne de cette pensée en marche. Le tableau n’est pas envisagé comme le lieu clos d’un achèvement, mais comme une étape dans un processus continu de création. L’étanchéité de la frontière qui sépare l’original et de sa reproduction – déjà compromise depuis les années 60 par l’utilisation de la sérigraphie – est minée de l’intérieur par la prolifération des originaux.
L’exposition s’articulera autour de la confrontation de quatre séries de peintures pour chaque artiste, choisies parmi leur production des 5 dernières années. Elles seront accompagnées d’un ensemble de sérigraphies réalisées en commun en 2005, de posters, de livres et de mobilier. L’ensemble composera à la fois une rétrospective et un espace dynamique de dialogue entre les oeuvres de Smith et von Hellermann.