Le Jeu de Paume, à Paris, et le CAPC musée d’art contemporain, à Bordeaux, présentent la nouvelle vidéo Somniculus d’Ali Cherri: une exploration du travail de conservation et de présentation des découvertes archéologiques au sein des musées parisiens.
Somniculus : le léger sommeil des objets archéologiques dans les musées
La vidéo Somniculus d’Ali Cherri s’inscrit dans la programmation Satellite 2017 organisée par le CAPC et le Jeu de Paume qui interrogent le rôle que joue l’histoire comme synthèse de la mémoire vivante. Cette programmation dédiée aux notions de transÂmission et de préservation de l’histoire est en lien direct avec le projet développé depuis deux ans par Ali Cherri. Ici développé par le biais d’une vidéo, ce projet tente de cerner la fonction qu’occupent les objets arÂchéologiques dans l’élaboration des récits nationaux.
La vidéo a pour sujet des pièces issues des collections de divers musées parisiens : des ossements d’animaux appartenant au musée de la Chasse et de la Nature, des ossements animaux et humains venant du Muséum national d’histoire naturelle, des sculptures antiques du musée du Louvre ou encore des objets de culte présentés au musée du Quai Branly-Jacques Chirac.
La vidéo d’Ali Cherri explore les notions de conservation et de présentation
Tous ces objets sont filmés par Ali Cherri dans les salles et galeries désertes des musées, lorsque, l’heure de la fermeture ayant sonné, ils sont rendus au silence et à leur sommeil. Le titre Somniculus signifie en effet en latin « sommeil léger ». La vidéo est ainsi une mise en lumière et une étude du rapport qu’entretiennent les objets morts déposés dans les vitrines de musées et la société vivante qui les entoure.
La vidéo juxtapose pêle-mêle des restes biologiques, pièces archéologiques, symboles religieux… Ce faisant, Ali Cherri cherche à remettre en question la définition des musées en tant que lieux de conservation. Sous le regard du vidéaste, ils se révèlent plutôt comme des espaces de représentation où les objets renvoient à des concepts. Chaque élément exposé est désigné comme réceptacle et représentant d’une époque, d’un lieu, d’une culture. L’œuvre Ali Cherri montre ainsi comment les institutions patrimoniales et muséales construisent autour des pièces qu’elles présentent un contexte de signification contrôlée. Elle interroge sur la possibilité d’une dissociation entre les objets et le contexte élaboré autour d’eux, sur leur émancipation de toute dimension politique ou idéologique.