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Something About Love

11 artistes qui, chacun à leur manière, parlent un peu d’amour. Abolissement des distances, langage des corps, ambiguï;té des désirs, rituels amoureux s’esquissent, se devinent ou s’affirment.

— Éditeur : Casino Luxembourg, Luxembourg
— Année : 2003
— Format : 17 x 17 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : non paginé
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-919893-44-0
— Prix : non précisé

Quelque chose sur l’amour
par Enrico Lunghi (extrait)

Beaucoup d’œuvres d’art parlent d’amour. Mais leur voix ne se fait pas suffisamment entendre. Peut-être parce qu’elles ne parlent pas fort. Leur susurrement se perd au milieu des déclarations fracassantes de toutes celles qui se font l’écho des vérités du jour. Peut-être même que les visiteurs s’attardent de moins en moins sur les œuvres qui ne parlent pas d’une voix ferme et assurée. Car cela demande du temps et de la patience. Or les événements spectaculaires d’art contemporain auxquels est généralement convié le grand nombre de visiteurs ne permettent guère de prêter une attention particulière à ce qui ne s’impose pas d’emblée. Ni, surtout, à ce qui sème le doute. La sensation désagréable que laisse toujours derrière lui ce sentiment s’accorde mal avec l’adhésion totale à la fête qu’exigent la plupart des manifestations artistiques et bon nombre des œuvres qui les servent. De même, les médias, à quelques rares exceptions près, ont longtemps déjà abandonné l’idée de s’étendre sur tout ce qui nécessite une approche subtile et réfléchie.

Pourtant, il suffit de se promener en dehors des sentiers battus pour réentendre des voix fragiles. Il faut seulement vouloir accepter la solitude qui en découle. Et aussi, peut-être, savoir préserver une part du secret. Car je crains que la mode de l’aveu, de la transparence, de la confession, qui prévaut dans bien des démarches artistiques récentes, loin de constituer une « résistance » face au rouleau compresseur de l’uniformisation galopante, n’aboutisse, en fin de compte, qu’à mieux préparer cette uniformisation. Exposer à tous vents les sentiments intimes, les moindres gestes privés et les fantasmes individuels n’est peut-être pas le signe d’une liberté d’expression illimitée : et s’il s’agissait plutôt de l’abolissement de l’ultime rempart qui protégeait une personne de la prise de contrôle de son être tout entier ?

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions du Casino Luxembourg)

L’auteur
Enrico Lunghi est directeur du Casino Luxembourg — Forum d’art contemporain à Luxembourg.

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