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Somebody give the Lord a Handclap

PMarguerite Pilven
@12 Jan 2008

Membre de la nouvelle génération des peintres berlinois, Lamsfuß prend à la photographie ses cadrages et ses lumières, et à la peinture une facture épaisse et précise rendant visible le geste. 

En juillet 2001, Daniel Templon organisait à l’espace Paul Ricard une exposition présentant la scène artistique allemande où l’on a pu voir des travaux du peintre Ulrich Lamsfuß. Il revient aujourd’hui sur cet artiste représentatif d’une nouvelle génération de peintres berlinois.
On remarque d’emblée la double nature des images, dont le cadrage et la lumière sophistiquée de studio sont ceux de la photographie, mais qui imposent leur qualité picturale par une facture épaisse et précise rendant visible le geste du peintre.

Ulrich Lamsfuß collectionne des images tirées de la presse, de revues de mode ou de reportage. Le tableau Indian Girl est la réplique peinte d’une photographie de mode : une mannequin, regard hautain et bouche entrouverte porte une coiffe de chef indien dont les plumes tombent sur ses seins nus. Son visage et son corps sont érotisés par l’éclairage de studio, le gloss attrape la lumière, faisant briller ses lèvres, matérialisée par de petites taches de peinture blanche. Sans doute tiré d’un reportage animalier, Fishli weiss montre la tête d’un hippopotame immergé dans l’eau. Le peintre prend plaisir à restituer le chatoiement lumineux sur cette surface mouvante et sur la peau de l’animal dont les aspérités attrapent aussi la lumière.

À la manière de la photographie, ces tableaux enregistrent fidèlement les variations lumineuses du visible par une pratique habile des rehauts à la peinture blanche, fragmentant la surface des objets au point de les rendre parfois peu lisibles.
C’est le cas pour Die Hölzern, reproduction peinte d’un groupe sculpté représentant les Rois Mages célébrant la naissance de Jésus. La surface accidentée du bois travaillé par les coups de burin est si minutieusement restituée qu’elle en vient à prendre le pas sur le motif sculptural lui-même. Le rythme de lecture s’accélère et l’œil se perd dans une multitude d’informations sensibles rendant difficile le déchiffrage des formes.

Les thèmes sont ceux des images qui font notre quotidien, de celles qu’on découvre en feuilletant des magazines ou sur des panneaux publicitaires. En les restituant fidèlement, Lamsfuß semble vouloir retenir ces images trop vite consommées. Il capte l’attention du spectateur par une mise en valeur de leur richesse sensible et narrative, en fait des images qui durent et sur lesquelles on s’arrête. À la rapidité avec laquelle elles se dupliquent et se répandent, Lamsfuß oppose une pratique picturale nécessairement lente, introduisant un espace réflexif au cœur de ces mass media le plus souvent reçus avec apathie ou indifférence.

La démarche de Lamsfuß n’est pas sans faire penser à celle de Martin Kippenberger disant du contenu de sa peinture qu’il était lié à la vie quotidienne et à l’état de la société, filtrés par une expérience subjective. Lors d’un entretien, Lamsfuß reprend d’ailleurs à son compte la conception cézannienne du peintre comme medium enregistrant le monde visible. Mais le recours constant à des photographies qui en sont une première lecture crée cependant un intermédiaire, comme si Lamsfuß voulait nous rappeler que la fiction imprègne toujours les médias et nous perdre un peu plus dans ce jeu des apparences.

« La réalité est insignifiante pour moi, dans mon monde rassurant et sécurisant. Je ne peux en prendre conscience que par la fiction. La réalité est une pagaille de faits », confie l’artiste. Son travail de peintre est donc aussi une manière de s’ouvrir au monde à travers ses iconographies variées, car comme le faisait remarquer le sociologue des médias McLuhan : « On dédaigne la publicité, on la méprise, on la savoure et on l’étudie rarement ».

Ulrich Lamsfuß
Entrée :
— Sans titre (Indian Girl), 2001. Huile sur toile. 100 x 70 cm.

Salle principale :
— Sans titre (Die Hölzernen 1), 2003. Huile sur toile. 60 x 50 cm.
— Sans titre (Fischli weiss), 2003. Huile sur toile. 60 x 50 cm.
— Sans titre (Die Hölzernen 2), 2003. Huile sur toile. 60 x 50 cm.
— Sans titre (Neongirl 1), 2003. Huile sur toile. 140 x 110 cm.
— Sans titre (German Indian 1 / coca cola), 2003. Huile sur toile. 70 x 60 cm.
— Sans titre (German Indian 2 / Lamsfuß), 2003. Huile sur toile. 70 x 60 cm.
— Sans titre (Schaf 4), 2003. Huile sur toile. 130 x 170 cm.
— Sans titre (Soldaten 1 + 2), 2003. Huile sur toile. 230 x 160 cm et 230 x 160 cm.
— Sans titre (Neongirl 2), 2003. Huile sur toile. 140 x 110 cm.
— Sans titre (Eskimos), 2003. Huile sur toile. 210 x 210 cm.
— Sans titre (Kerzenmann), 2003. Huile sur toile. 70 x 60 cm.
— Sans titre (Schaf 2), 2003. Huile sur toile. 130 x 170 cm.
— Sans Titre (Blumen 1), 2003. Peinture à l’huile. 40 x 30 cm.

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