Communiqué de presse
Swetlana Herger
Solo Show & Déjà vus
Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, le travail de Swetlana Heger s’immisce au coeur des problématiques complexes qui lient l’art contemporain aux sphères du marketing et de la publicité. Ayant assimilée la posture novatrice d’Andy Warhol dans la production d’oeuvres d’art, elle met à nu les rouages qui abolissent progressivement les frontières entre l’art et le monde de l’entreprise : ce dernier tend à valoriser l’image d’originalité et d’individualité créatrice véhiculée par le premier, qui réciproquement met à profit les moyens marketing et médiatiques afin d’évoluer vers une expression et un fonctionnement en perpétuelle quête de modernité.
Swetlana Heger applique ainsi à son travail les mécanismes économiques et culturels de son époque : elle rend apparente la délégation de son mode de production. À notre époque de production de masse, elle assume ainsi son intégration dans le système économique qui régit notre société.
Indubitablement, entre l’image que nous nous faisons de l’artiste et ce mode d’expression, gît un vide, et «c’est à l’intérieur ce vide» comme l’exprime Vincent Pécoil dans Walk of fame (2006) que Swetlana Heger développe son propos artistique : la question de l’identité de l’artiste et de sa place dans le monde actuel y est centrale, d’où l’investissement aigu de l’artiste dans son expression plastique ; elle n’hésite de fait pas à se mettre en scène, en associant ostensiblement des marques de renom international dans certaines productions emblématiques de sa démarche (Playtime, 2002/2005). Elle a ainsi proposé le terme de «Brand Art» pour succéder au Pop Art ( Brand, angl. : marque).
Comment affirmer sa singularité dans un monde qui banalise l’originalité ?
Le fonctionnement de la société offre-t-il des repères tangibles aux artistes dans un environnement en constante évolution, basé sur des réseaux de communication sans cesse démultipliés ?
Tels sont les questions qui peuvent surgir au contact de ce travail dont il faut dépasser les apparences.
Pour son exposition au musée des Beaux-arts de Dole, Swetlana Heger a choisi de confronter ses thématiques récentes à des oeuvres de la collection d’art ancien du musée. Elle exposera notamment deux séries, Ornemental Remix et Animal Farm (2007) qui jouent d’une ambivalence entre le caractère documentaire que leur confère leur reproduction en noir et blanc et leur dimension «pop», décorative induite par la tonalité vive du cadre. Cette expression dissonante a pour premier effet d’interpeller l’observateur sur la représentation figurée et le sens induit par le contraste chromatique ainsi produit.
Cette démarche nous amène ainsi à reconsidérer le sérieux de l’image afin de s’approprier son sens de manière personnelle, tout du moins en ne se satisfaisant pas de la représentation de l’image pour elle-même. Confronté aux oeuvres du musée, et ainsi à la question sous-jacente de l’histoire de l’art, ce questionnement sur le sens de l’image prendra une résonance encore plus pertinente.
Sept salles permettront de créer des espaces distincts sous forme «d’exposition dans l’exposition» confrontant chacun des éléments de ces séries à des repères historiques choisis par l’artiste en collaboration avec Anne Dary, commissaire de l’exposition et conservatrice du musée.
L’artiste produira également pour l’exposition une nouvelle oeuvre autour de cet axe de réflexion intitulée Home (Show & Tell).