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Solo Show

Alors que les installations collectives du Cracking Art Group dans l’espace urbain privilégient un répertoire animalier, Alex Angi se tourne ici, pour sa première exposition personnelle en dehors du groupe, vers des formes empreintes d’un imaginaire scientifique, plus proches de la cellule et du virus que du lapin géant, et évoque, en couleur et avec humour, les dangers du monde contemporain.

Alex Angi joue sur les écarts de perceptions. D’abord il y a cette séduction visuelle exercée par ses installations: formes plastiques fourmillantes et folles dont les fils multicolores, sortes de bonbons acidulés ou de scoubidous gigantesques, envahissent l’espace.
Puis, cet attrait des couleurs vives s’estompe: en s’approchant, les filaments se muent en tentacules presque animées d’une vie propre, émergeant d’un noyau dont la texture évoque une origine robotique ou encore inconnue.

Par ce changement de perspectives, Alex Angi opère un basculement du décoratif vers l’étrange, de l’informe vers le familier, et du ludique vers une esquisse du dégoût.

Car si ces formes nous semblent si menaçantes tout en demeurant familières c’est que, par un savant changement d’échelle, Alex Angi donne à la cellule cancéreuse, au virus, aux bactéries et aux autres images issues des nanotechnologies des dimensions imposantes. L’infiniment petit devient peu à peu le monstrueusement grand.

Il conviendrait même de parler d’«espèces» pour définir ces installations dans leur rapport à l’espace. Les Invasor, comme celui qui vient littéralement happer le visiteur à l’entrée de la galerie, envahissent le sol, les murs ou le plafond, ou esquissent un mouvement d’expansion, contrairement aux Plastic Jungle tout en repli.
Quant aux Turbo Jungle, ils explosent au sol tout en tension ou libèrent la matière dans l’espace, tandis que les multiples langues des Slurrp s’ouvrent ou éclatent en corolles dans une disposition très décorative. Et chez les Nanoplast, les filaments se transforment en réseau de bras et de nœuds interdépendants.

Alex Angi réunit avec une esthétique très pop deux imaginaires de la menace: celui d’une menace extérieure et extraterrestre largement mise en scène dans la production cinématographique de science fiction des années 60 aux années 80. Et celui issu d’une imagerie nouvelle permise par la modélisation numérique, représentant un danger interne d’ordre pandémique ou génétique propre aux années 2000.

Ces références se mêlent jusqu’à créer des installations hybrides entre le corps étranger, l’excroissance, la machine, et la plante grimpante colonisatrice. Mais le foisonnement de couleurs vives et la force plastique des formes neutralisent tout effet dramatique. Instaurant une sorte de distance décorative, Alex Angi se contente d’évoquer ces imaginaires par des formes ludiques. Et en utilisant du plastique recyclé, il agit avec humour contre une menace future qui est elle sans doute d’ordre écologique.

Liste des œuvres
Alex Angi
— Alex Angi, Invasor, 2010. Polyéthylène recyclé. 900x250cm.
— Alex Angi, Plastic Jungle, 2010. Polyéthylène recyclé. 70cm de diamètre.
— Alex Angi, Plastic Invasor, 2010. Polyéthylène recyclé. 135cm de diamètre.
— Alex Angi, Turbo Jungle, 2010. Polyéthylène recyclé. 400cm de diamètre.
— Alex Angi, Slurrp, 2010. Polyéthylène recyclé. 180cm de diamètre.
— Alex Angi, Invasor, 2010. Polyéthylène recyclé. 120x160cm de diamètre.
— Alex Angi, Nanoplast, 2010. Polyéthylène recyclé. 80cm de diamètre.
— Alex Angi, Slurrp, 2010. Polyéthylène recyclé. 72cm de diamètre.
— Alex Angi, Turbo Jungle, 2010. Polyéthylène recyclé. 160x150x160cm.

Publications
— Jean-Claude Ghenassia, Annual Art Magazine 2009-2010, éd. Annualart magazine, Genève, 2009.
— Piero Adorno, Claude Lorent, Francesco Santaniello, Cracking Art Revolution, Ed. Skira, Milan, 2007.

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