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Solitude and Company

L’identité vécue comme oppressée traverse les œuvres d’Hannah Collins. Au premier plan de l’une de ses photographies (Manu With Bird), un gitan tient un oiseau en cage sur fond de barres HLM. Difficile de trouver un symbole plus représentatif de l’enfermement. Dans le même ordre d’idées, parmi les récits oraux du film Solitude & Company, une femme fait part de son sentiment d’oppression et de son désir de fuir.

Face à l’enfermement, l’errance est la stratégie de l’identité en quête d’elle-même. Avec Manu With Bird, la figure du gitan revient à nouveau : aucun peuple n’incarne peut-être autant l’entre-deux. Deux photographies d’Afrique du Sud, The Road to Mvezo et Walking Umthata, évoquent également cette question ne serait-ce que par leurs titres. Sur la première d’entre elles, une femme marche nus pieds en compagnie de deux enfants. Au premier plan se trouvent trois chiens errants, à l’horizon se croisent trois chemins en terre battue. Tous les paramètres de cette photo — en particulier le carrefour, symbole de la destinée —, font du vagabondage le moment où l’identité se cherche. 

Dans le même esprit, Walking Umthata montre des maisons en carton au milieu desquelles circule une femme. Quoi de plus transitoire que ce type de construction, et donc de plus représentatif d’une identité en crise ?

Solitude & Company poursuit cette idée. Sur les images d’une usine désaffectée, lieu même de l’entre-deux, de l’identité indéterminée, des immigrés algériens racontent en voix off un épisode réel ou rêvé de leur vie. Une jeune femme rappelle des souvenirs d’enfance : chahutée par l’une de ses camarades de classe, qui la qualifie d’harki, elle cherche alors la signification de ce terme. En même temps qu’elle découvre ses origines, son identité est perturbée.

A côté de l’errance, l’identité en crise se manifeste par le désir d’envol. C’est du moins ce que suggèrent l’oiseau en cage de Manu With Bird, mais aussi le récit d’un homme dans Solitude & Company. Ce dernier raconte comment dans un rêve il vole depuis la France jusqu’en Algérie, où il retrouve son village, sa famille et sa chaleur.

Enfin, Reading – Umthata, Mandela’s Teenage Home, National Monument, est le signe d’une histoire, celle des sud africains et de leur libération. Nelson Mandela est ici le symbole d’une identité libérée.

Hannah Collins
— Walking Umthata, 2007-2008. Photog noir et blanc. 342 x 609 cm.
— The Road to Mevzo, 2007-2008. Photo noir et blanc. 252 x 457 cm.
— Reading – Umthata, Mandela’s Teenage Home, National Monument, 2007-2008. — Photo noir et blanc. 257 x 457 cm.
— Manu With Bird, 2007. Photo noir et blanc. 122 x 153 cm.
— Solitude & Company, 2008. Film 35 mm HD, couleur, son dolby, 60 mn.

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