Yves Trémorin
Soleils noirs
Dès ses premières photographies au début des années 1980, Yves Trémorin exprime la nécessité impérieuse de fouiller la réalité pour en accroître la visibilité et en exacerber le sens. D’emblée, il détermine les conditions de sa recherche, des dispositifs de prises de vue précisément pensés, un médium utilisé pour ses qualités propres, un travail sur ses proches et son environnement immédiat qu’il observe de près voire de très près.
Les genres traditionnels de la photographie sont investis mais la proximité qu’il entretient avec ses modèles, sa famille, les vivres de son repas, les plantes ou les objets, produit des images inattendues: des portraits aux figures dévisagées, des nus aux corps vécus examinés dans leur moindre repli, des natures mortes vraiment mortes.
En privilégiant le détail et le fragment, l’artiste explore une part aveugle de la réalité que les gros plans mettent à jour et amplifient jusqu’à rendre très étrange l’ordinaire des choses de la vie. C’est soudain un univers stupéfiant que nous découvrons où la vie et la mort, la beauté et l’horreur se côtoient sans cesse. Parfois brutal, effrayant et même repoussant, il est aussi grandiose, magique et captivant. De manière paradoxale, c’est en scrutant la réalité avec la rigueur de l’ethnologue, de l’entomologiste, du botaniste ou du médecin légiste, qu’Yves Trémorin en révèle les dimensions symboliques.
À La Box, Yves Trémorin utilise la neutralité de cet espace blanc et muet pour y exposer un ensemble de sa récente série de Soleils noirs. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas des photographies mais des électronogrammes réalisés dans la chambre d’un microscope électronique de l’IUT de Bourges – grâce à un partenariat entre le Département Mesures physiques de l’IUT de Bourges et l’École nationale supérieure d’art de Bourges – et capturés sur un écran. L’appareil n’utilise pas la lumière pour «voir» mais un faisceau d’électrons qui balaye l’objet étudié. Certaines particules produites par ce bombardement sont détectées, captées et interprétées pour construire une image.
Fidèle à ses principes, c’est avec une objectivité et une précision de scientifique, que l’artiste observe des insectes, isolés de tout contexte dans un habitacle vidé de son air. Loin de témoigner d’un monde familier, ces images à très haute définition révèlent une surréalité, un univers tantôt cosmique, tantôt subaquatique, un ailleurs en tous cas, qui semble appartenir au domaine de la science-fiction. (Dominique Abensour, Commissaire de l’exposition «Soleils noirs»)
Yves Trémorin est né, vit et travaille à Rennes. Après des études supérieures de mathématiques, il se consacre à la photographie en 1980 et fonde, en 1986, le groupe Noir Limite avec Jean-Claude Bélégou et Florence Chevallier, dissous en 1993. Yves Trémorin a participé à de multiples expositions collectives, , au Centre d’art de Majorque en Espagne, au Musée des beaux-arts de Calais et à la Maison européenne de la photographie à Paris ainsi qu’à de nombreuses expositions personnelles en France et à l’étranger – Douchy-les-Mines, à Brest, à Caen, à Rennes, au Centre photographique d’Île-de-France et à la galerie michèle chomette à Paris.
Vernissage
Jeudi 15 novembre 2012 Ã 17h