Sol LeWitt
Sol LeWitt. Dessins muraux de 1968 Ã 2007
Sur une superficie de 1 200 m2, est présentée une rétrospective des wall drawings (dessins muraux) de Sol LeWitt d’une envergure sans précédent en Europe. Avec ses trente-trois œuvres murales, parcourant la carrière de l’artiste de ses débuts à ses dernières réalisations, l’exposition du Centre Pompidou-Metz propose l’ensemble de wall drawings le plus important jamais présenté en Europe.
Choisis parmi les 1 200 wall drawings créés par l’artiste entre 1968 et 2007, les dessins sélectionnés reflètent tout à la fois l’extraordinaire cohérence de ses explorations systématiques (séries et combinaisons rigoureuses d’éléments géométriques) et l’étonnante diversité de sa pratique, aussi bien dans l’évolution des formes (de figures géométriques simples à ses «formes complexes» ou «continues») que des matériaux utilisés (crayon à mine, pastel gras, lavis d’encre, peinture acrylique et graphite).
À la faveur d’un partenariat exceptionnel avec des écoles d’art et d’architecture du Grand Est, la réalisation des wall drawings au Centre Pompidou-Metz illustre parfaitement le principe de collaboration au cœur de la pratique de l’artiste. En coopération avec le Centre Pompidou-Metz, un pendant chromatique de la rétrospective en noir et blanc est organisé par le M-Museum de Leuven (Louvain), Belgique, «Sol LeWitt. Colors», qui présentera entre le 21 juin et le 14 octobre 2012 une vingtaine de dessins muraux en couleur.
En 2013, le Centre Pompidou-Metz présentera la collection personnelle de Sol LeWitt. Ce second volet permettra de refléter l’extraordinaire carrière de LeWitt non seulement en tant qu’artiste prolifique mais également en tant que collectionneur insatiable. La Collection LeWitt, constituée principalement à la faveur d’échanges plutôt que d’achats, réunit, aux côtés d’œuvres emblématiques de LeWitt, plus de 4 000 œuvres d’autres artistes. Forte de plus de 250 œuvres, la sélection présentée au Centre Pompidou-Metz constituera la première grande exposition en Europe de la Collection LeWitt.
La Pratique du dessin mural
S’ils rappellent la tradition des fresques de la Renaissance italienne, les wall drawings de Sol LeWitt marquent, dès la fin des années 1960, une évolution décisive dans l’histoire du dessin en particulier et de l’art en général. Traduisant des processus mentaux (thought processes) conçus au préalable par l’artiste, les dessins muraux sont ensuite exécutés directement sur les murs, pour la plupart, à l’échelle du lieu d’accueil. Les dessins muraux réalisés in situ existent pour le temps de l’exposition; ils sont ensuite détruits, conférant ainsi à l’œuvre sous sa forme physique une dimension éphémère.
Son contenu (ou concept) reste quant à lui identique d’une présentation à l’autre. La grande majorité des dessins furent conçus pour être effectués par d’autres que l’artiste: assistants professionnels habilités par l’atelier LeWitt et dessinateurs débutants en la matière sont invités à suivre rigoureusement les instructions et diagrammes mis au point par LeWitt.
Comme énoncé par l’artiste dès 1967, l’idée et le concept priment sur l’exécution. À l’instar de musiciens interprétant une partition, les dessinateurs exécutent ainsi à leur manière les formules géométriques indiquées par LeWitt, dans le respect de l’œuvre énoncée. Les dessins muraux de LeWitt sont fondés sur:
— un vocabulaire de départ restreint avec des formes géométriques élémentaires : ligne droite ou non droite, ligne brisée, carré, grille, arc, cercle…
— une évolution du vocabulaire vers des formes plus irrégulières et complexes telles les courbes, les boucles, et une évolution du traitement avec l’emploi du crayon à mine, du pastel gras, de l’encre de Chine, de la peinture acrylique ou encore du graphite.
L’artiste n’a cessé d’explorer toutes les combinaisons possibles de systèmes finis (il n’a jamais travaillé sur la notion d’infini), où la répétition de formes et modules est conçue comme un récit à part entière.
«Je voulais faire une œuvre d’art qui soit aussi bidimensionnelle que possible. Il semble plus naturel de travailler directement sur des murs que de fabriquer une construction, de travailler dessus, et de mettre ensuite cette construction sur le mur. Les propriétés physiques du mur – hauteur, longueur, couleur, matériau, conditions et intrusions architecturales – constituent une partie nécessaire des dessins muraux.
De différentes sortes de murs résultent différentes sortes de dessins. Les imperfections de la surface du mur sont parfois apparentes après l’achèvement du dessin. Celles-ci devront être considérées comme une partie du dessin mural. La meilleure surface sur laquelle dessiner est le plâtre, la pire est la brique – mais les deux ont été utilisées. La plupart des murs comportent des trous, des fissures, des bosses, des taches graisseuses, ne sont pas droits ou d’équerre, et présentent diverses bizarreries architecturales.» (Sol LeWitt, 1970)
Le Parti pris du noir et du blanc
Présenter trente-trois dessins muraux de Sol LeWitt uniquement en noir et blanc est le parti pris adopté par le Centre Pompidou-Metz. «Le noir et blanc sont au cœur de la conception des wall drawings de Sol LeWitt, y compris pour les œuvres les plus colorées. Les dessins préparatoires sont ainsi toujours exécutés au crayon à papier où les couleurs, pour les œuvres concernées, sont simplement indiquées par leur initiale. Par ailleurs, le noir et blanc encadre véritablement l’œuvre de l’artiste: ses premiers dessins sont ainsi réalisés au crayon à mine, les derniers au graphite.» (Béatrice Gross, commissaire de l’exposition)
Ce choix confère en outre à l’exposition un impact visuel fort. Selon les matériaux et techniques employés, le contraste puissant entre le noir et le blanc, ou plus nuancé entre les différentes tonalités de gris soulignent les effets optiques qui animent les œuvres sélectionnées, de la vibration subtile de lignes au crayon à mine, à la cadence soutenue d’aplats noir et blanc à l’acrylique, en passant par les douces variations de lavis d’encre.
Sol LeWitt
Sol LeWitt (1928-2007) est né aux États-Unis, à Hartford, Connecticut. Il étudie les beaux-arts à l’université de Syracuse (état de New York), puis à la Cartoonists and Illustrators School (aujourd’hui School of Visual Arts) à New York. Il travaille ensuite comme graphiste dans le cabinet d’architecture d’I.M. Pei, puis en tant que réceptionniste au Museum of Modern Art, où il rencontre les artistes Robert Ryman, Dan Flavin et Robert Mangold, ainsi que la critique Lucy R. Lippard.
Identifié dans un premier temps à l’art minimal américain, LeWitt s’en détache rapidement pour favoriser une approche conceptuelle de la création artistique. L’artiste définit les principes de sa pratique dans de nombreux écrits devenus des textes fondateurs de l’art conceptuel.
Si les dessins muraux constituent la pratique la plus emblématique de l’œuvre de LeWitt (que l’artiste débute en 1968, à l’âge de 40 ans), son œuvre inclut également des pièces en trois dimensions (nommées «structures»), d’innombrables dessins sur papier, des séries photographiques, des œuvres graphiques et des livres d’artiste. LeWitt utilise ces différents médiums comme autant d’outils pour mieux explorer ses processus mentaux.
LeWitt bénéficie de sa première exposition monographique en 1965, à la John Daniels Gallery de New York. Dès lors, son travail est inclus dans de nombreuses expositions en galeries, musées et au sein d’événements artistiques internationaux.
L’exposition
L’exposition «Sol LeWitt. Dessins muraux de 1968 à 2007» présentée en Galerie 2 du Centre Pompidou-Metz a été conçue et réalisée en étroite collaboration avec la Collection LeWitt (Chester, Connecticut). Un dialogue constant a été mené avec la succession de l’artiste afin de déterminer les modalités de l’exposition, la sélection des œuvres, ou encore la manière de réaliser les dessins muraux. Des recherches inédites ont pu être conduites dans les fonds d’archives LeWitt, en vue de la publication liée à l’exposition.