Le Centre d’art contemporain La Traverse a invité Jessica Lajard pour une résidence de deux mois et en présente aujourd’hui le travail avec l’exposition «Soft Spot».
Les sculptures en céramique prédominent dans la production de cette artiste française qui réserve une large place à l’humour dans sa démarche. Elle utilise la céramique mais aussi des créations en tissu pour façonner des entités et des situations hybrides. Les objets du quotidien sont détournés et associés aux tabous contemporains dans des sculptures qui revêtent un aspect aussi étrange qu’attachant. Ses sculptures et installations s’approprient les formes les plus banales du quotidien sans aucun souci d’esthétique ou de bon goût, mais en exploitant des signes générationnels, des référence et symboles qui sont facilement reconnaissables par tous.
L’ensemble Love Birds est constitué d’une pièce en céramique de 1,80 mètre de haut représentant deux doigts croisés placés devant un patchwork en tissu figurant un soleil couchant sur la mer. On peut trouver une multitude de références dans ce décor décalé de carte postale. Les deux doigts semblent s’enlacer comme un couple d’amoureux; par leur position croisée, ils incarnent également le signe de la chance, auquel s’ajoute une dimension phallique par la façon dont ils se dressent. Ces mêmes doigts, souvent présents dans l’œuvre de Jessica Lajard renvoient aussi à leur matière même, la terre, au toucher et au plaisir sensuel indissociables de la pratique de la céramique.
Plusieurs œuvres en matière noble et d’une grande qualité d’exécution attirent le regard pour mieux susciter à la fois l’amusement et l’embarras: la sculpture en porcelaine blanche émaillée intitulée Pet Penis a l’apparence d’un chien allongé mais la forme d’un pénis; la pièce en marbre statuaire She Shell, érigée de façon suggestive, associe la forme d’un coquillage et l’aspect d’un empilement de crème chantilly.
Le décalage constant des pièces de Jessica Lajard encourage la révision des illusions. Les jeux de mots et de représentation, tout en usant de codes et d’objets des plus quotidiens, rendent nos perceptions inconfortables. Bien qu’elle semble préférer l’humour à l’analyse conceptuelle, ces œuvres impliquent une remise en question de la notion d’esthétique.