Sofia Hultén, Wolfgang Plöger
Dans le cadre des échanges «Paris-Berlin 2010»: Konrad Fischer chez Nelson-Freeman
Reconstruire, rénover, réassembler sont les thèmes récurrents du travail de Sofia Hultén. La fabrication même des objets qu’elle emploie, leur matérialité et leur relation au temps sont des données fondamentales. Au moyen de la vidéo, de la photographie ou de la sculpture, Sofia Hultén explore les cycles de transformation des choses qui nous entourent.
Cette exposition permet de découvrir une nouvelle série d’œuvres qui prolongent et approfondissent les recherches qu’elle poursuit depuis quelque temps. Dans If you want to hide a tree, go to the forest (2009), l’artiste utilise des baguettes de bois provenant d’un chantier de rénovation à Berlin. Elle manipule alors ces éléments trouvés sans toutefois rendre perceptible son intervention.
Dans plusieurs œuvres, les matériaux de récupération servent de point de départ à une tentative de reconstitution. L’artiste emprunte ses méthodes à des domaines divers, depuis l’enquête policière jusqu’à la restauration de mobilier, pour étudier l’histoire potentielle des objets et des matériaux.
Née en 1972 en Suède, Sofia Hultén vit et travaille à Berlin. Présente sur la scène internationale, elle expose aussi bien en Europe qu’aux États-Unis. Pour l’année 2009, on peut citer parmi ses expositions collectives Berlin 2000 à la galerie Pace Wildenstein de New York et «Pop-Up !» au Ludwig Forum für Internationale Kunst d’Aix-la-Chapelle, ainsi que les expositions personnelles «Back to Back» chez Konrad Fischer Oben à Berlin et «Drawn Onward» au Perrot’s Folly sous l’égide de l’Ikon Gallery à Birmingham.
Ce qui fascine Wolfgang Plöger, c’est le cinéma, en particulier les formats 16 mm et super 8. Il commence souvent par dessiner une série d’images qu’il anime et projette ensuite sur les murs des lieux d’exposition. Mais nombre de ses projections prennent aussi une dimension sculpturale quand les pellicules se déploient du sol au plafond dans l’espace. Une succession de films montés en boucle traverse alors la salle de part en part dans le changement des séquences d’images projetées et le bruit des projecteurs. Les pellicules et les projecteurs deviennent alors les composantes sculpturales des œuvres.
À Paris, Wolfgang Plöger présente l’installation Keep Going Forward (2009) réunissant trois films super 8 montés en boucle de différentes couleurs (bleu, rouge et noir). Ces boucles sont entièrement composées d’amorces, les petites bandes de pellicule vierge qui servent habituellement à indiquer le début et la fin des bobines. Sur ces bandes amorces, l’artiste a recopié à la main les dernières paroles prononcées par des condamnés à mort avant leur exécution – ces déclarations ayant été trouvées sur Internet. Lorsque la pellicule défile dans le projecteur, elle se transforme en texte déroulant qui occupe l’espace à la manière d’une sculpture cinétique. En même temps, la projection rend ce texte aussi illisible qu’une étrange calligraphie indéchiffrable.
Né en 1971, Wolfgang Plöger vit et travaille à Berlin. Il a exposé récemment, entre autres, au westlondonprojects de Londres, aux rencontres Artis à Bois-le-Duc, au KW de Berlin, à l’Art Institute de Chicago, et à la Kunstverein de Brême.
critique
Sofia Hultén, Wolfgang Plöger