Mathilde Monnier et Dominique Figarella
Soapéra
Depuis ses débuts tonitruants au milieu des années 1980, Mathilde Monnier prend un malin plaisir à déjouer nos attentes: on a vu à ses côtés une écrivaine, Christine Angot, un philosophe, Jean-Luc Nancy ou un chanteur pop, Philippe Katerine. Pour Soapéra, c’est au plasticien Dominique Figarella qu’elle s’associe, dans un jeu de présence où le corps du danseur trouve sa juste place. Sur le plateau, une matière à la blancheur irréelle –en fait une sorte de mousse– devient le territoire des interprètes qui s’y frayent un chemin, s’y dissimulent aussi. Peu à peu, cette œuvre éphémère –et d’autant plus bell – n’est plus que traces. Le quatuor invente des directions, compose une gestuelle et, au final, écrit un précis de composition. La danse, délibérément contemporaine, se confronte enfin à la «toile» comme pour traduire le geste du peintre. Soapéra est une expérience singulière: on a plus d’une fois l’impression d’entrer par effraction dans l’atelier des créateurs, un laboratoire de mouvements et de nuances. Mathilde Monnier, une fois de plus, surprend: il n’est pas de plus grande qualité.
par Philippe Noisette
Conception: Mathilde Monnier et Dominique Figarella
Chorégraphie: Mathilde Monnier
Art visuel: Dominique Figarella
Collaboration scénique: Annie Tolleter
Son: Olivier Renouf
Lumières: Éric Wurtz
Réalisation des costumes: Laurence Alquier
Direction technique: Thierry Cabrera
Régie générale: Marc Coudrais
Régie plateau: Jean-Christophe Minart
Extraits musicaux: Animal Collective, Geoff Soule, Neutral Milk Hotel
Avec: Yoann Demichelis, Julien Gallée-Ferré, Thiago Granato, I-Fang Lin
Repères biographiques
Mathilde Monnier
De pièce en pièce, Mathilde Monnier déjoue les attentes en présentant un travail en constant renouvellement. Sa nomination à la tête du Centre chorégraphique de Montpellier Languedoc-
Roussillon en 1994 marque le début d’une série de collaborations avec des personnalités venant de divers champs artistiques. De la plasticienne Beverly Semmes au philosophe Jean-Luc Nancy en passant par la cinéaste Claire Denis, Mathilde Monnier ne cesse de repousser les frontières pour nourrir un travail qui est expérience avant toute chose.
La création musicale occupe une place de choix à travers des collaborations très variées qui touchent autant aux musiques savantes que populaires: le jazzman Louis Sclavis, les compositeurs David Moss et Heiner Goebbels, le platiniste virtuose eriKm. Elle s’appuie aussi bien sur la musique de la rockeuse P.J. Harvey que sur l’univers pop en rose du spectacle 2008 vallée qu’elle co-signe avec le chanteur Philippe Katerine dans un final en beauté à la Cour d’honneur du festival d’Avignon 08.
Fascinée par l’idée de l’unisson elle crée le bucolique Tempo 76 au festival Montpellier Danse 07 sur la musique de Gyôrgy Ligeti.
En février 2008, elle accepte la commande de l’Orchestre Philharmonique de Berlin dirigé par Simon Rattle et chorégraphie l’opéra Surrogate Cities de Heiner Goebbels. Plus de 130 amateurs sur scène participent à cet opéra centré sur la ville et les rapports de pouvoir qui s’y opèrent. La même année, elle présente au festival Montpellier Danse 08 le burlesque duo Gustavia dans lequel elle se met en scène au côté de la performeuse espagnole La Ribot. En 2009, Mathilde Monnier s’intéresse à La Mort du cygne à travers une pièce, Pavlova 3’23’’, qui travaille l’idée d’une danse de la fin.
En 2010, c’est en étroite collaboration avec le peintre Dominique Figarella que Mathilde Monnier signe la pièce Soapéra, puis elle rend hommage à Merce Cunningham au travers du spectacle Un Américain à Paris. En 2011, Mathilde Monnier crée Nos images avec le chorégraphe Loïc Touzé et l’écrivain Tanguy Viel, une pièce autour du cinéma. Elle recrée avec Jean-François Duroure Pudique acide / Extasis au Festival Montpellier danse 11, deux duos créés par les chorégraphes en 1984 et 1985. En 2012, elle crée Twin paradox au Festival Montpellier danse 12.
Dominique Figarella
Arrivé à Nice en 1987 pour y faire ses études à la Villa Arson, il en repartira en 1997 pour s’installer dans la région de Montpellier. Depuis 2001, il enseigne à l’ENSBA, l’École des Beaux-arts de Paris.
Dominique Figarella s’est engagé dans une pratique de la peinture exigeante, à la fois savante et ludique. Au début des années 90, il emploie dans ses tableaux des objets incongrus comme image, outils et métaphores du geste du peintre. Ballons, sparadraps et chewing-gums revisitent également les matériaux traditionnels du tableau. Un jeu complexe de décisions et d’accidents, de gestes et d’empreintes s’y met en scène tandis que la peinture, conçue dans une démarche résolument abstraite, travaille à figurer l’acte même de peindre.
Dans les pièces les plus récentes, il a introduit des photographies. Le mimétisme entretenu entre la peinture et la photographie interroge le rapport de chacun de ces médiums à la réalité.
Le tableau, photographié en cours d’élaboration, accueille sur sa surface cette même photographie appliquée, déformée, qui vient souligner les processus de construction.
Cette image rend compte de la fabrication du tableau, à la manière d’un «Making Of» qui documente un stade particulier, une temporalité de composition de la forme peinte.
Informations
Du 21 nov. au 23 nov. 2012 Ã 20h30
Le 24 nov. 2012 Ã 17h