Communiqué de presse
Jean-Marie Blanchet, Meredyth Sparks, Sébastien Vonier
Slidesss
Les pièces présentées dans l’exposition Slidesss jouent avec la répétition du quotidien tout en mettant en place différentes stratégies d’évasion, composées d’errances attentives. Sébastien Vonier extirpe des éléments du commun, de l’ordinaire, des matériaux usuels : revêtement de sol, surface de parement, couche de protection… La moquette arrachée d’un appartement, placée dans l’espace, en restitue le plan, occupe à la fois le mur et le sol et se déploie comme un trophée déformé et avachi.
Vonier ne détourne pas, il fait glisser, changer de plans les éléments pour que les surfaces s’intercalent. Les surfaces se détachent du sol et débutent leur croisière invisible à travers un espace d’exposition à la gravité modifiée. Chez Jean-Marie Blanchet, c’est à travers l’utilisation de panneaux d’affichages, coussins, boîtes, plaques de plâtre, assemblages hétéroclites de bois, fils électriques et néons, que surgit le pictural. C’est une peinture formaliste, constituée de monochromes ou de formes géométriques, mises en scène dans des conditions dégradées. Les panneaux d’affichage sont vides ou muets, les boîtes enfoncées, les plaques brisées. Mais ce jeu de massacre rehaussé de couleurs vives, crée également une dynamique qui semble stopper le mouvement dans un entre-deux aérien aux nuances atmosphériques, entre destruction et séduction pour donner naissance à une pulsion cinétique.
Avec Meredyth Sparks, la figure humaine fait irruption dans l’exposition au sein de photographies parsemées de formes géométriques scintillantes et réfléchissantes. C’est un univers commun d’images détournées de la culture musicale pop. Une foule bigarrée de stars du rock’n’roll surannées semble figée dans un rituel étrange qui consiste à plaquer au mur, les «posters» à l’aide de plexiglas, comme pour isoler la matérialité de l’image et les protéger du spectateur. Le sujet est mis à l’écart par cette surface glissante et entraîne le regard vers sa propre chute. Meredyth Sparks fait référence à deux univers révolus, celui bruyant de la musique pop anglo-saxonne des 60’s aux 80’s et celui de la modernité de l’histoire de l’art où les formes géométriques s’entrechoquent, paraissant alors plus dansantes que Debbie Harry et les Stones réunies.
L’esthétique pop de l’entertainment rock’n’roll se grime du maquillage rutilant d’un constructivisme déjanté, créant une sorte de géométrie confuse de l’être Slidesss… est une invitation au déplacement, au glissement, à la distorsion entre les dimensions qui séparent l’art du quotidien, un mouvement de va et vient permanent, une translation perpétuelle de l’histoire mouvante des formes.