ART | EXPO

Sleeping Life Away

17 Mar - 16 Mai 2012
Vernissage le 17 Mar 2012

Avec «Sleeping life away», Xu Zhen conduit sa «compagnie» ou «société d’art contemporain» — au sens presque théâtral du terme, sa «troupe» — sur la voie d’une émulation féconde amenant le spectateur à sortir de sa torpeur existentielle, et à mettre en doute ses certitudes sur l’ordre du monde et ses représentations consacrées.

MadeIn Company
Sleeping Life Away

Invention iconoclaste d’un plasticien reconnu ayant décidé de mettre son identité personnelle au second plan à l’heure de la starification de l’artiste, la société MadeIn est un cas unique dans le paysage contemporain — sorte d’«objet artistique non identifié» qui interroge avec intelligence et ironie la sacro-sainte notion d’auteur.

Véritable entreprise, MadeIn Company emploie une vingtaine de salariés qui se consacrent à «la recherche des infinis possibles culturels» comme le précise la charte de la compagnie. Tantôt assumé, tantôt parodié, ce modèle «corporate» appliqué à la création permet l’installation d’un laboratoire d’idées apte à générer des œuvres fortes et étonnantes dans les média les plus variés: peintures, sculptures et installations – toujours envisagées dans une perspective «curatoriale».

MadeIn Company met ainsi en place un authentique programme conceptuel annoncé dans un titre-manifeste, «Sleeping life away», qui alerte le visiteur sur les risques de l’anesthésie collective à l’ère de la consommation de masse et de la communication politique triomphante.

Sous des abords séduisants et colorés, six collages de très grands formats donnent à voir un point de vue alternatif sur l’histoire de l’humanité. La combinaison d’iconographies chinoises et occidentales à partir d’éléments rassemblés sur Internet — estampes chinoises traditionnelles, caricatures françaises du 19ème siècle, représentations médiévales, bestiaire exotique — via un patchwork de matières sensuelles (tissu, plumes, paillettes, cuir, perles) convoque le folklore des grandes tapisseries nationales dans une mise à distance des récits à la fois épiques et dérisoires de l’idéologie dominante.

Dans la continuité de cette démarche de démystification des propagandes impériales, militaires et coloniales, trois séries d’imposantes sculptures sont installées dans la galerie. Noires et massives, ces sculptures qui rappellent des totems primitifs mettent en scène ici des soldats; là un personnage coiffé d’un képi s’avançant royalement sur un lion, incarnation par excellence d’un pouvoir ambivalent qui devient tyran en se croyant protecteur.
Signe supplémentaire de cette ambiguïté, le contraste entre la stature grandiose de ces icones qui s’élèvent parfois à plus de 3 mètres de hauteur et la vacuité de la matière qui les constitue, une mousse aussi inconsistante que le sont ces représentation communes qui fonctionnent comme autant de leurres.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Marie-Jeanne Caprasse sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

Sleeping Life Away et Barry X Ball

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