Duncan Wylie
Slashers
Depuis sa dernière exposition parisienne, en 2012 («From Chaos» à la Galerie Mitterrand), Duncan Wylie a voyagé et fait voyager sa peinture. Cette période d’exploration et d’expérimentation intense dans son travail l’a d’abord mené en Afrique du Sud, où il a séjourné une année à l’occasion d’une résidence à la Nirox Foundation à Johannesburg. Ce retour en terre familière, puisque Duncan Wylie a passé sa jeunesse au Zimbabwé, lui a permis de faire évoluer sa palette, avec des tons chauds et terreux, de modifier sa pratique, avec des gestes plus lâchés et une composition plus esquissée, et enfin ses motifs, la figure humaine étant désormais au centre de sa peinture.
Dès 2012, des silhouettes énigmatiques et discrètes étaient apparues furtivement sur quelques toiles encore largement dominées par des constructions architecturales en ruines. Elles représentaient une humanité précaire que l’artiste souhaitait faire émerger du chaos.
A son retour d’Afrique, Duncan Wylie a décidé de s’installer à Londres pour se confronter à un nouveau contexte culturel et artistique et approfondir ses recherches sur la représentation humaine. Nous savons que sa pratique passe par la collecte, l’archivage et la sélection d’images d’origines très diverses. Celles-ci sont ensuite reproduites librement, additionnées et superposées sur la toile.
Or, l’une des nouvelles problématiques de Duncan Wylie est spécifiquement picturale, puisqu’il s’agit d’inclure dans son vocabulaire plastique une forme très identifiée, historiquement référencée et en rupture avec l’iconographie de ses travaux antérieurs. Des formes humaines évoluent désormais à la surface de ces constructions complexes. S’il est impossible de ne pas les percevoir, elles ne semblent pourtant jamais s’imposer sur leur environnement mais s’y fondent à la manière d’un caméléon.
Les personnages peints font littéralement corps avec les trames successives. L’usage du glacis, récurrent dans le travail de Duncan Wylie, permet notamment de délimiter ces formes humaines en négatif, comme des fenêtres ouvertes sur le background de la peinture.
Les œuvres réunies dans cette nouvelle exposition nous interpellent par la typologie des personnages représentés, principalement des funambules et des skateurs, en équilibre précaire, que l’artiste nomme «Slashers». Ce terme venu de Grande-Bretagne dérive du slash, le signe typographique (/) devenu omniprésent sur le net.
Les «Slashers» de Duncan Wylie correspondent à une catégorie sociologique récente qui désigne les trentenaires qui multiplient les emplois par nécessité économique mais aussi par volonté de diversification de leurs activités. Entre précarité et construction d’une identité plurielle, les «Slashers» trouvent un écho particulier dans la peinture de Duncan Wylie: répétés, fusionnés, décontextualisés d’œuvres en œuvres, ils sont à la fois universels, identifiables au premier coup d’œil mais ils demeurent pourtant hermétiques et insaisissables.
Comme l’explique Duncan Wylie: «Ces figures n’ont pas été décidées à l’avance, elles sont plutôt issues des événements en cours dans les tableaux: elles sortent de, et elles s’adaptent à ce qu’il se passe dans les strates du tableau».
Duncan Wylie est né à Harare au Zimbabwe en 1975 et a obtenu la nationalité française en 2005.
Vernissage
Samedi 7 novembre 2015 Ã 17h
critique
Slashers