Santiago Borja
Sitio
Le terme espagnol «sitio» (qui signifie «site») insiste sur le concept de lieu dans le sens anthropologique: un lieu symboliquement déterminé. Il implique également, selon Roland Barthes, un lieu idéal, un lieu de fondation ou un lieu ésotérique où l’on «se sent bien». En ce sens, «Sitio» propose une lecture multiple des différents phénomènes culturels qui se sont développés autour de la Villa Savoye, comme un plaidoyer en faveur d’une sorte de «contemporanéité anachronique».
Tout en se basant sur la thèse d’Adolf Max Vogt pour qui l’architecte Le Corbusier a certainement été influencé par les constructions de bâtis lacustres sur pilotis découverts en Suisse pendant son enfance, «Sitio» réunit au sein d’un même lieu l’architecture moderniste de la Villa Savoye et des Å“uvres créées par l’artiste mexicain Santiago Borja à partir de techniques artisanales traditionnelles de la communauté indienne Maya.
Trois types d’oeuvres sont présentés: Destinerrance, la série de Tapis et Cosmogonie suspendue.
Installée dans le parc, Destinerrance est constituée d’une superposition de deux «palapas» (petit habitat ou refuge traditionnel Maya élaboré à partir de bois et feuilles de palmiers de Chiit du Yucatán (Mexique). Elle témoigne de l’architecture ancestrale mexicaine tout en évoquant, par sa forme de clepsydre percée en son centre, le Panthéon d’Hadrien à Rome, l’un des édifices favoris tant de Le Corbusier que de Santiago Borja.
Le terme «Destinerrance», emprunté au vocabulaire de Jacques Derrida, relie les deux concepts apparemment antagonistes de «destination» et d’«errance» pour évoquer la complexité et l’ambiguïté de notre rapport au temps et à l‘espace.
La double «palapa» traduit cette coexistence des opposés à travers la superposition de deux structures identiques dont l’une est inversée, tout en établissant un lien avec le primitivisme, grâce au parallèle entre les pilotis de la Villa Savoye et les poteaux de la «palapa».
Destinerrance est composée de matériaux végétaux traditionnels importés du Mexique, sa construction a été confiée à des constructeurs Mayas maîtrisant les techniques ancestrales, les «palaperos», qui ont travaillé pendant trois semaines sur place.
Une série de Tapis réalisée selon les techniques, coloris et tissus indiens traditionnels se déploie sur le sol des espaces d’habitation de la Villa. Quant à Cosmogonie suspendue, tissage fabriqué selon les techniques et matériaux Mayas, fixée au-dessus de la terrasse de la Villa, elle dévoile les motifs de représentation du cosmos de cette communauté indienne.
Ces oeuvres illustrent la conception du tissage comme manifestation originelle de l’architecture ainsi que premier élément culturel modelant l’habitat.
Sitio est labellisée «Balades en Yvelines», elle a été réalisée avec le soutien de : Centre des Monuments Nationaux, Conseil Général des Yvelines, Fondation Le Corbusier, Graham Foundation et Fundaciòn / Colecciòn Jumex.
Commissaire
Cécile Desbaudard