L’exposition « Silent Mutation » à L’Artothèque – Espace d’art contemporain de Caen présente des photographies de Lionel Bayol-Thémines. Des œuvres où se mêlent le réel et le virtuel et où la surface photographique devient volume sculptural.
Des images entre réel et virtuel mettent en lumière les mutations que l’homme inflige la nature
Les photographies récentes de Lionel Bayol-Thémines ont déplacé la recherche plastique du photographe autour de l’humain vers une interrogation sur la nature des images et leur capacité à rendre compte du réel. Les œuvres de Lionel Bayol-Thémines s’inscrivent dans la lignée des réflexions de philosophes comme Vilém Flusser qui a étudié l’histoire des images et leur mode de production, et dans celle d’artistes comme Joan Fontcuberta. Comme ces derniers, elles évaluent le degré de vérité de la photographie et son aptitude à refléter ou au contraire à déformer le réel et notamment l’histoire.
La dernière série de Lionel Bayol-Thémines est une succession de paysages à l’apparence étrange, à la fois réels et fictifs, dont toute humanité est absente. Créés à partir de photographies de paysages réels, ces œuvres résultent de la modification de leur codage numérique, qui crée des coupes et des distorsions de certains de leurs éléments. Il en résulte des visions irréelles et troublantes d’une nature artificielle, des images qui mettent violemment en lumière les mutations silencieuses que l’activité humaine fait subir à l’environnement.
La mutation des photographies en sculptures révèle leur dimension matérielle
Par l’usage du numérique, Lionel Bayol-Thémines produit un monde visuel où cohabitent et s’entremêlent réalité et virtualité. Il questionne le potentiel de la photographie à créer des réalités alternatives qui au fond ne sont peut-être que d’autres visions de la réalité ou l’exposition de dimensions invisibles de la réalité, comme ici les mutations invisibles qu’entraînent la pollution, les biotechnologies ou la radioactivité sur les espaces naturels et le climat.
Plusieurs dispositifs explorent la matérialité des images. Ainsi l’œuvre intitulée High Land, réalisée en 2015, est une véritable sculpture photographique où le sujet même de l’image est mis en forme en trois dimensions. Une succession de photographies de pics enneigés se déploie sur une bande disposée en accordéon qui forme elle même comme une chaîne montagneuse.