L’œuvre qui donne son titre à l’exposition de Lothar Hempel, Signal (2008) est la reconstitution par l’artiste d’une scène de théâtre imaginaire, avec instrument de musique, miroirs, décor, costumes, etc. Mais tout cela n’est qu’illusion. La cymbale de la batterie a des bords édentés menaçants, la trompette n’a pas de trompettiste, les miroirs eux-mêmes ne reflètent rien.
Lothar Hempel poursuit depuis plusieurs années un travail où se mêlent allègrement les pratiques (peinture, sculpture, collage, installation, vidéo…) et qui tend à définir un équivalent plastique au théâtre comme mode de représentation de la réalité. L’artiste construit ainsi à partir d’éléments disparates des fictions aléatoires.
Comme des acteurs sur une scène de théâtre, ses sculptures ont besoin de socles, elles sont mises en scène, déplacées dans le contexte de l’illusion. Les personnages-acteurs, dont Lothar Hempel déclare qu’ils n’ont pas de «profondeur particulière», et qu’ils sont «plus des représentations de principes que des personnages à part entière», sont toujours à deux dimensions, photographies ou peintures sur aluminium, et, comme des figures d’un jeu de carte ou les cartons d’un tir de fête foraine, ne font pas, quant à eux, illusion.
Lothar Hempel affirme vouloir «construire des situations qui ont des qualités oniriques, où intérieurs et extérieurs ne sont pas en contradiction», et où «les scénarios [restent] aussi ouverts que possibles».
Dans Signal, libre au spectateur de reconstituer la scène, d’en placer les protagonistes, de laisser entendre la musique.
Les deux œuvres carrées, posées sur la pointe, qui ponctuent l’installation, Signal Perplex et Signal Komplex (2008), participent d’une pratique du collage photographique propre à l’artiste, où les transparences de la photographie permettent la juxtaposition des visages, des histoires et des scénarios possibles. Dans des couleurs acides, on y voit des visages de femmes s’observant, se maquillant, réitérant ce thème de l’illusion essentiel à l’artiste.
Font aussi illusion les œuvres peintes sur aluminium qui évoquent des figures de marionnettes, enfermées dans un profil qui les écrase et annihile leur identification. Dans cette série de trois œuvres grand format, les personnages semblent descendre joyeusement en chute libre.
La technique par aplats d’acrylique, sans nuances, et le découpage en silhouettes relèvent de la naïveté des décors de théâtre d’ombre. Lothar Hempel déploie ainsi une série de personnages, tels des figures d’un jeu de carte, dont il revient au spectateur de déterminer les rôles et actions, en imaginant son propre scénario.
Lothar Hempel
— Signal, 2008. Techniques mixtes. Dimensions variables.
— Signal Perplex, 2008. Techniques mixtes. 130 x 130 cm
— Signal Komplex, 2008. Techniques mixtes. 50 x 50 cm
— Let’s help me, 2008. Acrylique sur aluminium. 140 x 50 cm
— I throw myself into the lake, 2008. Acrylique sur aluminium. 200 x 90 cm
— The Mirror, 2008. Acrylique sur aluminium. 160 x 60 cm