Sigmar Polke
Sigmar Polke
Douze ans après la dernière exposition consacrée à Sigmar Polke en France et trois ans après sa disparition à l’âge de 69 ans, le musée de Grenoble présente une sélection d’œuvres réalisées entre le début des années 1980 et le milieu des années 2000.
Même si elle reste essentiellement consacrée à la peinture, l’exposition comprend également une série d’encres et de gouaches issues d’un carnet d’esquisses. L’artiste allemand, a su se démarquer par son approche iconoclaste et inclassable de la peinture, mêlant figuration et abstraction, culture populaire et culture classique, sacré et profane. En 1963, il fonde avec Gerhard Richter et Konrad Lueg, le Réalisme capitaliste, un mouvement pictural créé en réponse au Pop Art américain. Tout en s’inscrivant dans les grands courants de son époque, du Pop Art à Fluxus en passant par l’art conceptuel, Sigmar Polke a profondément renouvelé le langage pictural de la fin du XXe siècle.
Dans ses Å“uvres, l’artiste interroge la hiérarchie des supports de création et explore les potentialités physiques et plastiques des couleurs. Sa démarche a pour but de restaurer le pouvoir subversif de l’art, en cherchant à déstabiliser les mécanismes de notre perception et en bouleversant les genres et les catégories.
Ses recherches constantes et l’utilisation de médiums variés lui ont permis de se renouveler tout au long de sa carrière. L’exposition s’attache également à rendre compte de l’évolution profonde qui se produit dans sa peinture au début des années 1980. Elle témoigne, sous l’apparente diversité de ses expérimentations, de la cohérence de sa démarche.
L’exposition est organisée selon un parcours chronologique. Elle débute avec un tableau emblématique, les Mains, placé à l’entrée du Pavillon allemand de la Biennale de Venise en 1986. Cette Å“uvre s’inspire, avec humour et ironie, d’une photographie d’un groupe de personnages dissimulant leur visage derrière leurs mains. Cette ambiguïté assumée du réel se retrouve dans tout l’œuvre de Sigmar Polke.
Il porte également un regard critique sur les événements marquants de l’Histoire. Il s’inspire de gravures anciennes, qu’il associe aux supports les plus divers et traite les sujets avec raffinement. Son objectif est rendre compte de la nature paradoxale de ces événements historiques. Il n’existe pas de vision univoque chez Sigmar Polke, il s’agit à l’inverse de souligner l’opposition des contraires. Une Å“uvre datant de 1986, est présentée pour la première fois en France, elle dépeint la fameuse exposition de l’art dégénéré organisée par les Nazis en 1937.
Quelques tableaux illustrent les recherches menées sur les couleurs, avec notamment l’emploi de matériaux délaissés ou toxiques, et témoignent de son intérêt pour les phénomènes paranormaux et les sciences occultes. Dans l’ensemble intitulés Carrés Magiques, l’artiste associe des schémas géométriques à des planètes et à des combinaisons mathématiques. Tout en se référant à une esthétique minimaliste et conceptuelle, il se joue des styles.
La magie ne se situe pas dans ses associations ésotériques, mais dans sa capacité à mettre en scène l’éclat particulier des pigments et des pierres précieuses qu’il utilise. Il crée ainsi une sorte de paysage mouvant, brumeux et fantasmagorique, qui de nouveau repousse les limites entre figuration et abstraction. Cet aspect lyrique, rapproche son univers pictural de celui du Romantisme. Son art apparaît à la fois comme une recherche, une exaltation de la beauté des choses, du sublime, qui en révélerait tous les artifices.
Commissariat: Guy Tosatto
Vernissage
Samedi 9 Novembre 2013