Azadeh Akhlaghi, Stefanos, Hugo Arcier, Alexandre Durand, Giorgos Papadatos, Piotr Pavlenski, François Ronsiaux
Si vis pacem, para bellum
Associée à l’énergie et à l’action, la violence est attirante, voire fascinante. Kant écrit à ce sujet: «On peut donc discuter tant qu’on le voudra en comparant l’homme d’Etat et le chef de guerre, lequel des deux mérite plus particulièrement notre estime; le jugement esthétique décide en faveur du second.»
Georges Sorel, théoricien de la violence positive, «reconnaissait dans la violence l’expression d’une force vitale spécifiquement créatrice». Plutôt qu’une force à connotation uniquement négative, on peut donc considérer la violence comme une force constructive liée à la création.
Nous pouvons ainsi nous demander si la violence n’est pas le réservoir énergétique qui se trouve à la source même de toute œuvre d’art. Comme le décrit Walter Benjamin très inspiré par Georges Sorel, la violence est fondatrice, créatrice de droits nouveaux, jusqu’à ce qu’ils cèdent sous de nouvelles violences.
Destruction et création, principe transformateur, d’innovation ou au contraire conservateur: la violence est paradoxale, ambiguë, troublante, elle est multiple. L’exposition proposée par Plateforme décrit par les œuvres mobilisées, ce paradoxe de la violence dans le processus créatif et reconnaît cette valeur du négatif, champ où se déploie la lutte de l’artiste.
L’artiste Azadeh Akhlaghi reconstitue avec des photos méticuleusement mises en scène des morts tragiques et soudaines de ses compatriotes iraniens. L’artiste grec Stefanos s’attaque à la violence économique en transformant des billets de banque en support de son œuvre.
Hugo Arcier s’intéresse dans sa vidéo 11 exécutions à la virtualité et confronte l’intelligence artificielle d’un jeu vidéo à la violence armée et au terrorisme moderne. Par une Installation journalistique retraçant ses 5 performances suicidaires, le travail de Piotr Pavlenski est montré comme limite intrinsèque de l’action politique en tant que telle.
Alexandre Durand avec Sans commentaire fait état de la violence sourde que suscite la «problématisation» du sacré qui est très souvent perçue comme une provocation. Prises une semaine avec le référendum Grec, la série de photographies de Giorgos Papadatos témoigne d’un moment d’instabilité et de transition.
Dans son installation Posture, Francois Ronsiaux décrit le lien intrinsèque entre pouvoir et politique à travers un dispositif d’accumulation d’images plus ou moins fantasmées issus de l’imaginaire collectif.
Si vis pacem, para bellum.