L’exposition « Lignes de vie » au Centre Pompidou met à l’honneur l’œuvre de l’artiste américaine Sheila Hicks à travers plus d’une centaine d’œuvres textiles qui célèbrent la perception de la couleur, de la matière et de l’espace.
« Lignes de vie » : l’art de Sheila Hicks témoigne d’une jubilation de la création
Plus d’une centaine d’œuvres conçues entre 1957 et aujourd’hui occupent l’espace ouvert sur la ville de la Galerie 3 du Centre Pompidou : des sculptures textiles parfois monumentales, de petits tissages et compositions réalisés en coton, laine, lin et soie disposées selon un parcours non chronologique qui mise sur la fluidité.
L’axe central de l’exposition est le dialogue chromatique et formel que les œuvres de Sheila Hicks entretiennent avec l’espace. L’enjeu est d’apporter une nouvelle pierre au processus de réexamen de l’œuvre de l’artiste qui a été entrepris depuis plusieurs années. Le titre choisi pour l’exposition, « Lignes de vie », souligne combien la démarche artistique de Sheila Hicks, exalte notre perception de la matière, de la couleur, et de l’espace, témoigne d’une jubilation de la création et de la vie.
L’œuvre textile de Sheila Hicks, des tissages précolombiens aux « soft sculptures »
Les réalisations de Sheila Hicks prennent leur source dans la seconde moitié des années 1950, lorsque Sheila Hicks, qui se destinait à la peinture, découvre les textiles précolombiens et décide de parcourir l’Amérique du Sud et le Mexique pour s’initier aux techniques des tisserands indigènes. Le petit tissage intitulé Muñeca, réalisé en 1957, témoigne de cette période. A cette découverte s’ajoute l’héritage du Bauhaus qui la guide vers une pratique bouleversant la hiérarchie traditionnelle entre Beaux-Arts, design et décoration.
Les Å“uvres réalisées par Sheila Hicks dans la seconde moitié des années 1960 remettent en question le modèle jusqu’alors dominant de l’œuvre textile, la tapisserie, pour aborder des formes complètement nouvelles : des « soft sculptures » comme The Evolving Tapestry : He/She et Banisteriopsis – Dark Ink. Ces empilements de fils textiles liés par paquets qui se situent au croisement de la tapisserie et de la sculpture et prennent une forme différente à chaque nouvelle exposition rapprochent Sheila Hicks de l’Antiforme et du post-minimalisme.
Une série de grandes sculptures souples comme Trapèze de Cristobal débutée au cours de la décennie suivante, déploie la couleur dans l’espace par le biais d’épaisses lianes colorées tombant du plafond. A travers ces œuvres se dessine l’importance historique de la démarche de Sheila Hicks qui a réussi à conjuguer l’optique et le toucher par le jeu des couleurs et la tactilité des matières.