Sharon Lockhart et Berdaguer & Péjus
Sharon Lockhart et Berdaguer & Péjus
Sharon Lockhart présentera NÕ, son dernier film en date ainsi qu’une série de photographies inspirée par la pratique d’avant-garde japonaise d’arrangement floral du Nô-no Ikebana.
Pour cette série, Lockhart a photographié une même composition florale à différents instants de la journée tout au long des 31 jours du mois de décembre, et opéré une sélection de 19 images qu’elle a ensuite arrangées selon 4 groupes. En enregistrant soigneusement le flétrissement de la nature puis en séquencant le mouvement de cette décomposition, Lockhart invente un rapport cinématographique à « la nature morte », où celle-ci meurt vraiment.
Projeté en 16 mm, le film NÕ représente de son côté un couple d’agriculteurs japonais au seuil de la saison des récoltes, qui dispersent méthodiquement des arrangements de pailles composés avec une précision minimaliste, transformant ainsi profondément la physionomie du champ. En articulant ensemble différents registres de représentation – celui du no-no ikebana, de la peinture de paysage classique, et de la chorégraphie – Lockhart, évoque avec une infinie poésie le passage d’un cycle de production au suivant.
Comme dans ces œuvres précédentes, Sharon Lockhart projette le spectateur dans un espace de grande réflexivité : elle le conduit à s’interroger sur les modalités et le mouvement de son regard et de son attention en face des images, selon qu’elles soient fixes ou animées.
Dans leur exposition, Christophe Berdaguer & Marie Péjus présenteront deux projets : Mi(e)sconception, une œuvre inédite et La forêt épileptique, une vidéo réalisée lors d’une installation éphémère conçue par les artistes il y a quelques années dans la forêt Pastré à Marseille. Pour cette installation, les artistes avaient utilisé un dispositif d’une trentaine de stroboscopes de très forte puissance réglé sur des rythmes de flash susceptibles de déclencher des crises d’épilepsies photosensibles. Si, pour l’installation originale, les stroboscopes étaient dispersés dans une zone de forêt suffisamment importante pour que les promeneurs puissent s’y égarer, la projection de la vidéo dans l’espace de la galerie réussit à reproduire cette expérience où les impressions rétiniennes, soumises à un déferlement lumineux, conduisent à un fort bouleversement de la perception de l’espace et de la façon qu’ont les corps de se mouvoir.
À travers Mi(es)conception, Berdaguer et Péjus reviennent sur le destin équivoque de la célèbre Farnsworth House ou « Glass House » dessinée par Mies Van Der Rohe dans une forêt aux alentours de Chicago et achevée en 1950. Considérée par beaucoup comme le chef-d’œuvre de l’architecte la maison fut toutefois vivement remise en question par son commanditaire même, Edith Farsnsworth, qui jugea la structure de verre et d’acier créée par Mies non fonctionnelle, voire totalement inhabitable.
Avec Mi.sconceived, Berdaguer et Péjus reviennent sur la polémique qui entoure l’histoire de ce projet architectural et proposent, à l’aide d’une maquette et d’un film, une réponse architecturale innovante aux problèmes posés par le dessin de Mies où une architecture endogène s’insère et se développe à l’intérieur du bâtiment.