Roman Ondák
Shaking horizon
Une majeure partie du travail de Roman Ondák interroge l’architecture de l’espace d’exposition, son fonctionnement, ses limites, sa construction ou sa déconstruction.
Il s’appuie pour cela sur la possibilité de considérer l’espace lui-même en tant qu’oeuvre et par conséquent, sur notre capacité à appréhender la réalité du lieu. Très souvent, cette démarche engendre des déplacements entre les différentes composantes de l’architecture, comme en 2009 à la dernière Biennale de Venise, lorsqu’il plante à l’intérieur du pavillon Tchèque et Slovaque la végétation présente dans les jardins extérieurs (Loop, 2009).
L’exposition à la Villa Arson regroupe des oeuvres réalisées entre 1992 et 2010, rarement montrées auparavant ou repensées en fonction du contexte des galeries du centre d’art.
Beaucoup jouent également sur le rapport entre les espaces intérieurs et extérieurs, à commencer par Breath on Both Sides, 2009 et Room Extension, 2000 qui ouvrent le parcours de l’exposition. La première est un ballon rouge gonflé qui traverse de part en part un trou fait dans une baie vitrée donnant sur un jardin.
La seconde est un fil tendu au travers d’un trou percé dans une fenêtre pour aboutir sur un promontoire placé de l’autre côté de ce même jardin. Dans un cas comme dans l’autre, ces deux oeuvres génériques sont destinées à troubler subtilement notre perception de l’espace.
La suite du parcours se compose d’environ une cinquantaine d’oeuvres de formes et d’échelles diverses, mais jouant toutes sur des sensations troubles par le biais de micro-perturbations, conçues comme autant de dérèglements, de variations ou de leurres.
Le titre de l’exposition « Shaking Horizon » fait d’ailleurs explicitement référence à un horizon instable, une sorte de mirage que nous croyons apercevoir mais qui n’est qu’une illusion optique.
Au fond, ce qu’interroge Roman Ondák n’est pas tant l’espace que notre place dans celui-ci. Sous des aspects très formels, son oeuvre est en ce sens profondément phénoménologique, essayant avec une économie de moyens remarquable de définir les liens que nous entretenons avec ce qui nous entoure, parfois dans notre plus immédiate proximité.
Cet exercice passe souvent par une mesure à la fois de l’espace et du visiteur. C’est le sens de sa pièce The Stray Man, 2006, présente dans l’exposition, vidéo dans laquelle on voit un homme observer l’intérieur d’une galerie, toujours au travers d’une baie vitrée.
Cet homme semble étranger aux choses qu’il regarde attentivement, mais le temps du regard est si long et si minutieux qu’il finit par les épouser.