Seyni Camara

Communiqué de presse
Seyni Camara
Seyni Camara

«Je n’ai jamais vu le travail de Seyni, mais c’est comme si je la connaissais. J’ai vu son travail à travers les reproductions photographiques du petit livre « Solitude d’argile » enrichi d’un magnifique texte de Michelle Odeyé-Finzi sur l’artiste.

En regardant attentivement les photos de ses scupltures en terre cuite, je trouve chez cette femme, toute la magie de son immense continent (l’Afrique) qu’elle a su capter et si généreusement nous transmettre. Je suis littéralement envoûtée.

Seyni nous parle de ses deux frères jumeaux, nés en même temps qu’elle. Ils ont travaillé l’argile pareillement et elle nous déclare : « Je suis née trois ». Ils ont appris la poterie en regardant leur mère travailler. C’est une tradition dans la famille.

Plus tard c’est « Dieu seul » ou les génies de la forêt qui l’ont guidée dans sa création artistique. Seyni, toute seule, dès son jeune âge, affirme sa personnalité, créant un monde fabuleux, en modelant l’argile avec ses seuls outils : ses mains de fée.

La richesse de son imaginaire nous captive, nous transportant dans les contrées primitives de l’ailleurs. Ses orixas grouillent et gargouillent. Les statues de femmes enceintes, dont les corps sont affublés d’enfants, nous mènent dans la Grèce antique où Demeter est représentée avec des dizaines de seins plantureux symbolisant la mère nourricière (la déesse de l’abondance). Seyni Camara nous nourrit et nous ravit avec ses créations oniriques, des dieux, des diables, des bètes engendrées dans sa solitude, où la chaleur du feu va accomplir sa tâche en lui donnant vie.»

Seyni Camara
Née aux environs de 1939, Seyni Camara est une artiste africaine dont les oeuvres parcourent le monde. Sénégalaise, originaire de Casamance, elle vit dans un petit village perdu au milieu de la forêt. C’est à Bignona que Seyni travaille dans sa maison au toit de tôle.

Elle est la légende vivante de son village. Loin de la communauté, elle vit en famille ; travaillant sans cesse depuis l’époque où elle et ses deux frères ont été initiés à leur art par les génies de la forêt. Sa vie et son oeuvre sont pour nous, occidentaux, empreintes d’un mysticisme inhérent aux esprits malicieux et aux pratiques animistes qui caractérisent l’Afrique des villages.En effet, à l’adolescence Seyni et ses frères jumeaux furent enlevés par les esprits de la forêt. Pendant cet appprentissage des mystères de l’argile, le village tout entier décida de sacrifier quelques animaux pour apaiser les esprits, afin tous trois reviennent enfin.Et ce fut effectivement le cas, selon la légende…

Depuis lors, Seyni Camara n’a pas arrêté de modeler des milliers de personnages, hommes et femmes, animaux en tout genre, laissant libre cours à son imagination, mettant en volumes une cosmogonie qui lui est propre.
Exposées dans la majorité des musées d’art moderne occidentaux, présentes à la Biennale de Venise en 2001, à Beaubourg en 1989, la notorité du travail de Seyni a transcendé toutes les barrières, toutes les frontières. La raison de cette fascination transationale pour son art s’explique par cette petite partie de l’esprit qui est commun à tous les hommes : la sincérité des émotions enfantines.