François Morellet
Seven Corridors
A l’occasion de son 10ème anniversaire, le Mac Val donne carte blanche à François Morellet pour concevoir une nouvelle intervention in situ. Fidèle à ses habitudes, cet artiste majeur de la scène française se joue ici des contraintes du vaste espace d’exposition temporaire du musée et imagine un immense tableau agrandi, une sculpture labyrinthique de 20 m de côté qui place le visiteur au centre de l’œuvre.
Cette invitation du Mac Val à l’un des artistes français les plus plébiscités, n’est pas sans rappeler que François Morellet est l’un de ses artistes proches depuis son ouverture. Plusieurs de ses œuvres font en effet partie de la collection du musée et Carrément décroché n°1, 2007 est présentée dans l’exposition «L’Effet Vertigo».
Célébré et reconnu dans le monde entier (plus de 450 expositions monographiques à ce jour), l’artiste qui fête prochainement ses 90 ans, investit la salle des expositions temporaires de 1350 m2 pour un projet in situ inédit qui place le visiteur au centre de l’œuvre.
Dans «Seven Corridors», François Morellet se donne des contraintes et le système mis en place génère automatiquement le dessin de l’œuvre. Comme souvent chez lui, le titre, sous forme de boutade tautologique et auto-référente, donne l’une des clés du système mis en place ici pour dessiner les 7 couloirs selon le principe des lignes «au hasard», déterminées à partir des lettres de deux alphabets répartis aléatoirement autour d’un carré. Le visiteur est invité à arpenter ce tableau agrandi, cette sculpture labyrinthe de près de 20m de côté, activant ainsi l’œuvre par son déplacement.
François Morellet débute sa carrière au début des années 1950 et déploie, depuis, ses recherches entre abstraction et dérision. Le «rigoureux rigolard», comme on le surnomme, développe un œuvre radical empreint de rigueur et d’espièglerie. Il travaille très tôt à mettre le plus à distance possible toute subjectivité et tout romantisme traditionnellement associés à la figure de l’artiste démiurge. Se fixant des méthodes et des contraintes pour les appliquer et mieux les contourner, il revendique la liberté dans les règles.
Formes élémentaires (lignes droites, carrés, cercles, triangles…), absence de motif, all over, compositions acentrées, principes simples (trames, grilles, superpositions, variations, systèmes, juxtapositions, fragmentations, intégrations…), progressions mathématiques, décompositions analytiques du vocabulaire de l’art, langage dépouillé, jeux de mots et calembours… constituent les éléments moteurs de cette recherche de la neutralité active.
Toiles carrées, rubans adhésifs, néons, éléments naturels ou haute technologie… tout est bon pour dérouler ce programme qui joue de l’aléatoire, de la puissance infinie des combinaisons et du hasard dans la neutralité des matériaux et l’anonymat de la facture sur fond de conversation amusée avec l’histoire de l’art.
Non sans humour, l’artiste met une nouvelle fois à l’épreuve — mais ici de façon monumentale — sa célèbre théorie du «pique-nique»: «Les œuvres d’art sont des coins à pique-nique, des auberges espagnoles où l’on consomme ce que l’on apporte soi-même».
François Morellet est né en 1926 à Cholet, Maine-et-Loire.
Vernissage
Vendredi 23 octobre 2015
critique
Seven Corridors