Communiqué de presse
Seulgi Lee / Caroline Molusson
Seulgi Lee / Caroline Molusson
Après Isabelle Cornaro et Stéphanie Nava, Le Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson poursuit son programme de doubles expositions monographiques. A partir du 25 janvier, il propose une rencontre inédite entre Caroline Molusson et Seulgi Lee.
L’une et l’autre réalisent ici leur première exposition personnelle dans une institution française. Elles investissent l’espace comme on partagerait un terrain de jeu. Créant un véritable face à face, elles regardent attentivement le travail de l’autre et décident de se rencontrer au centre de l’espace pour une collaboration exceptionnelle.
Les deux artistes proposent ici des expositions-laboratoires, où elles multiplient les expérimentations. Chez Caroline Molusson, l’espace vacille, se déplie, se dissout. Du côté de Seulgi Lee, ce sont les objets qui prennent vie : ils lévitent, débordent ou s’écroulent brutalement au sol.
Magiciennes, elles bricolent, détournent, transforment tout de qui leur tombe sous la main, à partir de gestes et de procédures très simples, mais avec une acuité hors du commun, orchestrant d’étonnants croisements entre banalité et surnaturel.
Chacune à leur manière, elles insèrent des zones de flou et de déséquilibre dans la surface de la réalité afin de la rendre plus « élastique ». Entre réenchantement poétique et distorsion grinçante du quotidien, elles nous forcent à nous repositionner vis-àvis d’une certaine normalité, à réinventer nos gestes et nos comportements.
Seulgi Lee
Idem
Connue pour ses déambulations dans l’espace public où on l’a vue marcher sur des poissons, se promener dans un village corse coiffée d’une cagoule fleurie ou traverser la ville de Chicago en brandissant un énorme couteau, Seulgi Lee développe également des sculptures-performatives : des bonbons volants, des gobelets-fontaines, un miroir circulaire qui tourne sur lui-même…
En produisant des gestes en apparence anodins, Seulgi Lee considère toujours un contexte existant qu’elle essaie de faire dériver. Avec cette exposition, elle s’attaque à un certain ordre des choses – celui de la consommation de masse et de la standardisation des biens – pour proposer son propre “système des objets”.
Considérant les objets quotidiens comme des révélateurs de comportements (ils conditionnent et restreignent nos gestes de tous les jours), elle les trafique, extrapole leurs tendances irrationnelles en les libérant de leur valeur d’usage habituelle.
Elle établit ainsi une véritable méthode de travail : “Prenez une chambre. Secouez-la sens dessus dessous. Extrayez-en les objets qu’elle contient. Restituez les gestes qui auraient pu se passer dans ce cube puis alignez les objets. Renouvelez l’opération jusqu’à l’obtention du nouvel ordre”.
Elle bouleverse la place et l’organisation des choses dans l’espace social, et produit des formes hybrides et équivoques qui déjouent toute tentative de classification et de systématisation. Ici, les objets domestiques ne se laissent pas domestiquer : colorés et séduisants, ils se révèlent être d’une inquiétante étrangeté. Il ne s’agit plus de les posséder et de les contrôler mais d’en faire une expérience singulière.
Caroline Molusson
Zones d’ombres
« Mes travaux seraient comme des flashs où l’on entraperçoit un bref instant cette béance, cette fissure dans la réalité. » Considérant la réalité comme une donnée instable qui varie selon le regard que l’on porte sur elle, Caroline Molusson multiplie les occurrences formelles (interventions in situ, maquettes, dessins, vidéos) pour renouveler la relation du corps à l’espace, la rendre plus consciente et plus dynamique.
En quête de l’instant-limite, elle se livre à des expériences qui conjuguent déplacements, multiplication des points de vue, perte des repères, recherche d’équilibre et exploration du vide… Elle utilise des matériaux issus de son environnement immédiat, fragiles et précaires, à l’image de son travail.
Celui-ci se nourrit d’une pratique d’improvisation en danse : réaction à une situation donnée, peu de montage, de recadrage, de finitions mais beaucoup d’allers-retours, de décompositions, de recompositions… Étendant sa réflexion à la perception des oeuvres d’art, Caroline Molusson développe depuis peu des séries de pièces invisibles.
Elle conçoit ici une exposition en trois temps, depuis un parcours dans l’obscurité jusqu’à une lumière aveuglante. Un rêve éveillé à travers une série de fulgurances. L’espace se désagrège, les oeuvres apparaissent et disparaissent sans laisser de traces, comme autant de micro-événements et d’accidents visuels. Une bande-son guide nos pas : un cri, une porte qui grince, une bataille de chats. Et la voix de Robert de Niro dans Taxi Driver : « Then suddenly, there is a change »…
Vernissage
Dimanche 25 janvier 2009 à partir de 13h.
Evénements
Samedi 7 mars : rencontre avec les artistes
— 18h : visite de l’exposition
— 19h : projection de films de Seulgi Lee et Caroline Molusson