Marie-José Burki
De nos jours, par ici
Dans la série De nos jours (2003 – 2007), Marie José Burki filme avec une attention scrupuleuse des dimanches, les dimanches de tous les jours dans lesquels le temps humain se précipite et se dissout. Des dimanches à l’interminable cours desquels ses «personnages» sont dévolus à l’attente.
Comme on l’observait dans plusieurs oeuvres précédentes (et en particulier dans Exposure : Dawn I – III, 1997) a), l’attente n’est même pas ici nourrie par l’espoir chimérique qui faisait vivre les personnages de Beckett au-devant d’un décor de carton-pâte. L’absurde s’est évanoui et c’est plutôt une attente de la conscience de soi et d’un désir qui ne parviennent plus à naître, et du langage lui-même qui ne s’articule plus que dans les espèces stériles de la communication. On pourrait commencer l’évocation de cette série par une de ses caractéristiques récurrentes : la course du regard n’a ni début ni fin, le récit en est toujours à son milieu, avant qu’on ne puisse savoir si le drame s’est déjà produit ou s’il est encore à venir. Ou d’une autre façon encore : le milieu de l’histoire est intemporel, en aucun cas relatif à l’initiative d’un début ou à la fatalité d’une fin. Il est le lieu d’une disparition perpétuellement renouvelée.
De nos jours, l’histoire avec un grand «H» a perdu sa voix et tout se passe comme si le catastrophisme écologique et idéologique pouvait faire l’économie de la réalité des événements qu’il prédit toute l’année, d’heure en heure, d’image en image sur les grandes pages des journaux et sur les écrans plats des télévisions.
Les vidéos de Marie José Burki redoublent avec une ironie mélancolique les mises en boucle de la propagande.