ART | EXPO

Set Theory

17 Mai - 15 Juin 2013
Vernissage le 16 Mai 2013

La pratique de Mike Cooter, inspirée par le cinéma et la littérature, l’amène à s’interroger sur le rôle de l’artiste dans la société au travers d’installations mêlant diverses techniques telles que la sculpture, la vidéo et la photographie. Son installation Set Theory, s’inspire du film La Corde (Rope) d’Alfred Hitchcock.

Mike Cooter
Set Theory

«Nous, colonisateurs du monde, nous voulons que tout nous parle, les bêtes, les morts, les statues. Ces statues sont muettes et ne parlent pas. Elles ont des yeux et ne voient pas.»
Les statues meurent aussi, Film d’Alain Resnais & Chris Marker, 1953

Mike Cooter, né en 1978 à Epsom, Angleterre, vit et travaille à Londres. Sa pratique, inspirée par le cinéma et la littérature, l’amène à s’interroger sur le rôle de l’artiste dans la société au travers d’installations mêlant diverses techniques telles que la sculpture, la vidéo et la photographie. Déjà présent en 2011 dans l’exposition «The Big Society» (commissaire: Alice Motard), l’artiste investit le Project Room de la galerie avec l’installation Set Theory, inspirée du film La Corde (Rope) d’Alfred Hitchcock, sorti en salles en 1948, d’après la pièce éponyme de Patrick Hamilton datée de 1929.

Set Theory (Théorie des ensembles) est une branche des mathématiques rationnalisée par Georg Cantor à la fin du XIXe siècle, portant sur les ensembles comme systèmes ordonnant des collections d’objets. Mike Cooter qui, dans sa pratique, a pour habitude de procéder par recherches minutieuses, a tenté d’appliquer les principes de cette théorie au décor de La Corde.

Le film, réalisé à huis clos dans le décor d’un appartement bourgeois new-yorkais, raconte la tentative de deux jeunes hommes de perpétrer le «crime parfait» pour leur seule satisfaction intellectuelle. Convaincus par leur compréhension solipsiste de Nietzsche, les deux protagonistes tentent de rationaliser, au cours d’un dîner auquel sont conviés la famille de la victime et leur ancien professeur de philosophie, leur droit moral d’avoir commis le meurtre de leur camarade.
Réalisé en prises continues et en «temps réel», le film produit une tension narrative et un malaise ambiant, exacerbés par la nuit tombante et par l’effet de lumière de plus en plus pervers créé par l’enseigne lumineuse de l’immeuble voisin. L’intégration de cet éclairage dans l’installation reflète la réflexion que mène l’artiste sur l’adaptation des techniques du cinéma expressionniste européen à une version «hyperréaliste» et américanisée du film noir.

Marqué par la trame narrative typique de ce genre cinématographique et par l’éclairage post-expressionniste du décor de La Corde, Mike Cooter en a isolé plusieurs éléments tels le fragment de l’enseigne lumineuse STORA, quelques sculptures ethnographiques issues de différentes cultures (précolombienne, africaine, océanique), leur interprétation européenne (une peinture post-cubiste), ainsi qu’un élément de mobilier. Les décontextualisant, il met en évidence les associations subliminales entre ces différents objets et interroge leur utilisation formelle et conceptuelle en tant que composante active de l’environnement esthétique.

Les flashs, alternativement blancs, verts, blancs, puis rouges, de la lettre R de l’enseigne produisent une lumière déstabilisante qui lie tous ces éléments, apparemment disparates, dans une même narration. Au même titre que les objets qu’elle éclaire, la lettre «R» est un fragment survivant, un artefact. Le reste de l’enseigne est en bois, telle la reconstitution muséale d’une pièce archéologique à l’échelle 1.1., maintenant la cohérence de l’ensemble.

Mike Cooter tente de dévoiler la manière dont la culture populaire nous impose une lecture des objets, comment ceux-ci sont instrumentalisés et incarnent ou ratifient certains sujets. La validité de ces lectures et la capacité de résistance des objets sont au coeur de l’installation Set Theory.

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