Pièce présentée lors de l’édition 2017 des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, Les Serrenhos du Caldeirão se prennent sur scène la forme d’exercices d’anthropologie fictionnelle, puisque tel est le sous-titre du spectacle. L’intention de Vera Mantero est ainsi précisée : témoigner de l’évolution d’une région du Portugal subissant les effets de la désertification rurale, faire le récit d’un monde paysan porteur d’une harmonie perdue.
Les Serrenhos du CaldeirãoÂ
Créée en 2012 lors des Encontros do Devir Festival, la pièce de Vera Mantero prend pour thème l’inexorable désertification des montagnes du Caldeirão, situées au sud du Portugal, dans la région de l’Algarve. Les Serrenhos du Caldeirão  sont d’abord une enquête de terrain puisque Vera Mantero a parcouru cette région pour filmer la vie quotidienne de ses habitants. Des extraits de ce film sont alors incorporés à son spectacle, complétés par les recueils filmiques de l’ethnologue Michel Giacometti, lequel s’est intéressé dans les années 1970-1980 aux chants populaires portugais, notamment ceux scandant les travaux des champs et les labeurs quotidiens.
Si ces chants résonnent dans Les Serrenhos du Caldeirão, et servent de support initial à cette pièce, Vera Mantero a été retenu par le silence profond qui règne dans les montagnes du Caldeirão. Silence qui n’est pas seulement celui de la solitude immédiatement ressentie et à venir, alors que la population locale s’amenuise, mais appel au recueillement, à la mémoire, et à la réflexion.
Les Serrenhos du Caldeirão : paroles de la terre
Pour Vera Mantero, ce silence est essentiel car il n’est autre que le silence de la terre, reproduit dans Les Serrenhos du Caldeirão par des triangles. Paradoxalement, le silence bruit et Vera Mantero réinterprète sur scène les chansons traditionnelles recueillies par Michel Giacometti. Elle tente ainsi de faire renaître des traditions oubliées sinon perdues, s’adressant à la fois aux paysans et ses spectateurs. Les mots importent puisque les textes lus d’Antonin Artaud et Jacques Prévert s’ajoutent aux chants des paysans du Caldeirão.
Récit des origines, Les Serrenhos du Caldeirão montrent l’accord de la vie quotidienne et de l’art, du corps et de l’esprit, les chansons ou les danses traditionnelles rythmant les gestes répétitifs des paysans. Accord ancestral qu’appelle à retrouver Vera Mantero dansant avec un tronc d’arbre en liège.