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Séries P

29 Jan - 28 Mar 2015
Vernissage le 29 Jan 2015

Utilisée dès sa création pour des reportages à caractère scientifique ou journalistique, la série photographique se transforme à partir de la fin des années 1960 pour accompagner de nouvelles pratiques artistiques (œuvres in situ, performances, etc.). «Séries P» interroge la nature des séries photographiques contemporaines, à partir du fonds de l’Artothèque.

John Baldessari, Antonio Caballero, Sophie Calle, Céline Duval, Aurélien Froment, Sigurdur Gudmundsson, John Miller, Jacques Perconte, Bruno Serralongue, Roman Signer
Séries P

La photographie contemporaine tient une place importante dans la collection de l’Artothèque de Pessac. En 2014, l’Artothèque a collaboré avec Camille de Singly lors de l’exposition «Les dérivés de la photographie», et a souhaité poursuivre le dialogue engagé en lui donnant carte blanche pour un commissariat autour de cette collection photographique. Camille de Singly a choisi l’angle original de la série.

La série arrive tôt en photographie; utilisée dans le cadre de reportages à caractère scientifique, journalistique, patrimonial, la sérialité vise à mettre en lien des objets de même nature, cataloguer le réel, constituer des corpus, développer des collections. Quant à la fiction en photographie, elle est d’abord traitée sans la série, par le biais de compositions, tableaux ou scénettes, ou sous la forme de textes illustrés de photographies. Il faut attendre les années 1920, marquées par la sérialité, pour voir émerger des formes complexes et intéressantes de mise en lien d’images photographiques qui rejoignent indirectement la question narrative.

À la fin des années 1960, le développement de pratiques artistiques usant de protocole, de performance et d’intervention in situ donne naissance à des formes souvent éphémères. La photographie, assurant une trace documentaire, devient l’un des éléments d’objets pensés comme des œuvres de substitution. Liée parfois à du texte, à des dessins, la photographie contribue à retranscrire l’histoire de quelque chose qui a eu lieu. Ce réinvestissement du champ des arts plastiques par la photographie contribue à remettre en question la dissociation photographie/beaux-arts encore très présente jusqu’aux années 1960.

Progressivement, s’affranchissant de son rôle d’accessoire au service d’œuvres plastiques (ou d’objet relevant du seul champ de la photographie), la photographie nourrit la création d’œuvres plastiques véritablement photographiques dans les années 1970 et 1980. Paradoxalement, se développe une esthétique photographique pauvre et des sujets parfois tenus, auxquelles la série donne corps, et même parfois sens.
Plus récemment, et autour de ces artistes que l’on a qualifiés d’ «iconographes», la série assure une nouvelle vie, parfois décalée, à des photographies récupérées, et/ou sans qualité.

L’exposition «Séries P» s’ouvre et se ferme avec deux œuvres qui décalent la question de la sérialité et du médium, et en posent une lecture faussement légère. Dans le film L’adaptation manifeste d’Aurélien Froment, plusieurs scènes se succèdent, déclinant chacune un moment de lecture tiré d’un film célèbre. Pour ces tableaux animés, Aurélien Froment fait rejouer à un acteur la courte scène choisie, dans un décor simplifié. Leur succession révèle un jeu de positions différentes, créant une sorte de mise en scène en miroir du rapport intime au livre. Quant à la photographie Macaria, fotonovela para la revista Capricho, ca. 1970 (2005) d’Antonio Caballero, elle est issue d’une série de photographies pour le roman-photo Macaria, et publiées dans le magazine Capricho vers 1970. Décontextualisée, l’image crée un entre-deux de narration. D’une certaine manière, si la série aide à lire le réel, elle l’arrête aussi; c’est tout autant grâce à ses zones de suspension qu’elle ouvre le champ des possibles.

D’après un texte de Camille de Singly

Commissariat
Camille de Singly

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