Communiqué de presse
Joël Brisse
Séquences
Peintre, cinéaste, écrivain, Joël Brisse est un artiste multiple.
Cette nouvelle étape dans son exploration créative nous livre ici des scènettes de l’univers quotidien bizarrement inhabité, des instantanés pris sur le vif, intimes, banals, uniques.
Il y a des bouts de paysages, des morceaux de ville, des intérieurs vides, des silhouettes isolées, des fenêtres ouvertes, des reflets et des ombres. Ce recueil des petits riens de l’existence, d’abord immortalisés par la photographie, aurait pu simplement tomber dans un album souvenir. Joël Brisse a choisi de leur donner une seconde chance, un nouveau départ.
Et voici ces clichés anodins, avec toute leur force poétique et énigmatique, convertis en petits tableaux colorés. Transposition magique d’un souvenir figé en une émotion renouvelée. Le filtre de Joël Brisse est doublement là : après son regard, son cadrage et sa sélection, voici sa palette, son trait, son interprétation. Mais, son travail ne s’arrête pas à cette métamorphose. Il s’amuse ensuite, et seulement ensuite, à juxtaposer trois images et devient alors une sorte de conteur. Ces triptyques sont comme des fables qui inventent une histoire, étrange, pleine de latences, de suspensions, sans logique narrative préétablie, sans intention démonstrative.
Chacun, en les regardant, est libre alors d’y projeter son propre scénario. Sans doute est-ce la force de ces oeuvres? Le tableau ne représente qu’une infime partie de sa présence. Déjà , dans les cycles de saints, comme celui de Saint-Georges de Carpaccio à Venise, le sublime était non seulement dans ces épisodes exemplaires qui étaient montrés, mais aussi dans tous ces pans de vie tus, dans le raccourci fantastique d’un destin, dans les interstices délaissés. La trame ne révèle ici que la surface des choses, leur apparente futilité, leur matérialité dépourvue de sens, leur humanité hors-champs.
Tout comme dans les Petits Paysages de Cueco, la réalité imaginaire déborde des marges. La route se poursuit, la nuit s’étend au-delà du halo du réverbère, la mer se retire à marée basse, la partie de tennis s’achève, la tente abrite des dormeurs… Autre parenté subjective, celle des peintures de Edward Hooper. Même sentiment de solitude au milieu de décors datés, même sentiment intemporel de l’être humain face à lui-même.
Voilà donc des triptyques simples comme des évidences, beaux comme des révélations, innocents comme les premières fois, qui touchent l’être au plus profond. Juste cette portion de l’âme où s’amalgament les émotions, la nostalgie et les rêves.