Sous leurs pieds, le paradis, solo chorégraphié par Thomas Lebrun et interprété par Radhouane El Meddeb, est adapté de Al Atlal, l’une des vingt plus grandes chansons d’amour de la poésie arabe. C’est en 1966 qu’elle fut interprétée pour la première fois sur une composition de Ryad Essoumbati.
Sur le sublime poème Al Atlal (Les ruines) chanté par Oum Khalsoum, Radhouane El Meddeb danse. Il explore la figure maternelle et celles des femmes, se glisse dans la peau de toutes les femmes sans travestissement aucun. Il puise en lui sa part de féminité, dévoile le courage et la fragilité sous l’œil complice du chorégraphe Thomas Lebrun qui signe avec lui ce solo.
Eh toi le sans sommeil qui oublie
tes promesses et ne t’en souviens qu’au réveil
Sache que dès qu’une plaie cicatrise
Le souvenir en réveille la blessure
Alors apprends à oublier
Apprends à effacer
Ô mon amour toute chose est destin
Nous ne pouvons rien à notre malheur
Nos destins peut-être se croiseront
Un jour, lorsque le désir de nous retrouver sera trop fort
Et si d’aventure les amoureux se renient
Et si nous devenons des étrangers
Si chacun d’entre nous suit son chemin
Ce ne sera pas notre choix mais la décision du destin
Extrait du poème Al Atlal d’Ibrahim Naji
Repères biographiques
Thomas Lebrun
Interprète pour les chorégraphes Bernard Glandier, Daniel Larrieu, Christine Bastin ou encore Christine Jouve, Thomas Lebrun fonde la compagnie Illico en 2000, suite à la création du solo Cache ta joie!. Implanté en région Nord-Pas de Calais, il fut d’abord artiste associé au Vivat d’Armentières (2002-2004) avant de l’être à Danse à Lille / Cdc de 2005 à 2011.
On prendra bien le temps d’y être, La Trêve(s), Les Soirées What You Want?, Switch, Itinéraire d’un danseur grassouillet ou La constellation consternée sont autant de pièces que d’univers et d’esthétiques explorés, allant d’une danse exigeante et précise à une théâtralité affirmée.
Thomas Lebrun signe également plusieurs co-écritures, notamment avec Foofwa d’Imobilité et Cécile Loyer, et donne une place forte à l’enseignement et à la transmission (Centre national de la danse de Pantin et de Lyon, Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, etc.).
Il chorégraphie également pour des compagnies à l’étranger, comme le Ballet National de Liaonning en Chine, le Grupo Tapias au Brésil, pour Lora Juodkaité, danseuse et chorégraphe lituanienne et dernièrement pour six danseurs coréens dans le cadre d’une commande du Festival Modafe pour l’ouverture de son édition 2012 à Séoul (opération France Danse Corée).
Il répond à la commande du Festival d’Avignon et de la Sacd (Les Sujets à Vif) avec la création du solo Parfois, le corps n’a pas de cœur en juillet 2010. En mai 2011, il crée Six order pieces, solo au croisement des regards de six artistes invités dans le cadre des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis.
En novembre 2011, il chorégraphie la pièce Quatre ciels de novembre, création pour le Junior Ballet du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. En mars 2012, il crée La jeune fille et la mort, pièce pour sept danseurs, un chanteur baryton et un quatuor à cordes.
Radhouane El Meddeb
Originaire de Tunis où il a suivi une formation à l’Institut Supérieur d’Art Dramatique, Radhouane El Meddeb s’installe en France en 1996 avec l’envie de se frotter à d’autres disciplines artistiques.
Parce que le théâtre ne lui suffit plus, il crée son premier solo en 2005, comme une introspection intime, une expérience vitale. Une véritable révélation qui le fait entrer dans la danse et devenir chorégraphe-interprète.
José-Manuel Gonçalves découvre Quelqu’un va danser (solo, 2008 à Beyrouth au Liban) et le programme à La Ferme du Buisson, puis soutient Ce que nous sommes (création d’une pièce de groupe, 2010).
Artiste associé au Centquatre depuis 2010, Radhouane cherche, partage et expérimente sans obligation d’efficacité immédiate. Heureux de faire partie du comité de pilotage du Cinq, il transmet son amour du corps et de la liberté, à des amateurs qui se croyaient éloignés de la danse ou du théâtre.
En décembre dernier, il prenait possession du Centquatre à sa manière généreuse. Avec Je danse et je vous en donne à bouffer, le chorégraphe adressait aux gens une performance, qui alliait les plaisirs du mouvement à ceux de la bonne chère, de la danse et du couscous partagé…
Au temps où les arabes dansaient, sa prochaine création, s’annonce comme un spectacle de danse-théâtre pour fêter la liberté. Une pièce pour 7 interprètes qui rendra hommage à l’âge d’or du cinéma arabe, à l’atmosphère magique et factice des films des années 1950 à 1970, où l’on dansait, chantait, buvait du champagne dans des décors de carton-pâte. Avec un mélange de nostalgie et d’intérêt profond pour les révolutions arabes, l’artiste qui vit entre deux cultures et deux pays, nous offrira une pièce où tout est démesure.
Oum Kalthoum
Dotée d’un registre de contralto, elle est connue pour sa voix puissante et ses chants consacrés à la religion, l’amour et la nation égyptienne. Il est difficile de mesurer correctement l’étendue de sa voix car nombre de ses chansons ont été enregistrées en direct et elle prenait soin de ne pas forcer sa voix à cause de la durée de ses performances.
Oum Kalthoum a acquis sa technique de chant durant son enfance lorsqu’elle récitait des versets du Coran, ce qui lui a permis de développer sa voix car ces récitations requièrent une sensibilité musicale de l’oreille et des techniques proches des méthodes utilisées pour entraîner les chanteurs d’opéra ou de choeurs.
Charles de Gaulle l’appelait «La Dame» et Maria Callas «La Voix Incomparabl ». En Égypte et au Moyen-Orient, Oum Kalthoum est considérée comme la plus grande chanteuse et musicienne. Aujourd’hui encore, elle jouit d’un statut presque mythique parmi les jeunes Égyptiens. Elle est également très populaire en Israël et en Palestine parmi les Juifs et les Arabes.
Ibrahim Naji
L’auteur d’ Al Atlal est né en 1898 au Caire et mourut en 1953.
Issu d’une famille de littéraires, Ibrahim Naji opta pour la médecine. Les recueils de poèmes d’Ibrahim Naji ont été traduits en anglais dès 1934.