PHOTO

Sens Dessus-Dessous

PEva Robillard-Krivda
@12 Jan 2008

Contrainte de déménager temporairement les bureaux et la réserve dans les salles d’exposition, la galerie met à profit cette situation pour programmer une série d’événements sur le thème du bouleversement.

Contrainte de déménager temporairement les bureaux et la réserve dans les salles d’exposition, la galerie met à profit cette situation pour programmer une série d’événements sur le thème du bouleversement. Dans un désordre apparent, les vidéos, performances et installations se succèdent, dérangent, inversent, transforment, transgressent, chacune à leur manière, le monde de l’art et ses frontières.

Ainsi, le Micro-événement n° 14, que réalise Tsuneko Taniuchi, répercute les renversements occasionnés par les travaux sur les relations entre l’artiste et son public. Développé à partir d’un scénario, cet événement se déroule dans le temps réel de l’exposition sous la forme de performances. Du vernissage à la fermeture, l’artiste met en scène toutes les étapes de ses mariages avec le public : Love Me Tender, elle aimerait trouver des épouses et des maris; Future épouse aime faire de la peinture, réalisée pour l’exposition Art & Vitrine à Rougier & Plé; La Soirée de mariage, organisée au Batofar le soir de la Saint-Valentin; Le Buffet de mariage, qui marque la fin des réjouissances et la clôture de l’exposition. Renversement de situation pour le spectateur invité à devenir acteur dans des performances où se mêlent réalité et fiction. Avec ce Micro-événement, Tsuneko Taniuchi interroge, déplace et brouille les frontières entre l’art et la vie.

Certains artistes comme Rémy Louchart s’intéressent davantage aux questions de lieu. A la suite de son intervention Unwanted Exhibition for Jennifer Flay à Clermont-Ferrand où il taguait sur les murs d’un parking de supermarché les mots « Jennifer Flay’s Gallery », l’artiste réalise Wanted Exhibition for Jennifer Flay. Le principe est similaire: pénétrer par effraction dans la galerie et taguer sur les murs « Go To Jennifer Flay’s Gallery ». En réponse à l’absence de salle d’exposition, l’artiste suggère ainsi qu’elle a peut-être été déplacée dans un autre lieu : galerie hors de la galerie où l’art serait visible par tous. Dans une autre intervention, une précédente vidéo-performance, Il faut vider le fleuve à Bouchemain, est adaptée à l’espace de la galerie : Il faut vider le fleuve à la galerie Jennifer Flay. Alors que sa première tentative avait échoué, la seconde réussit — à la faveur du changement de lieu, il parvient à vider le fleuve. En réalisant ses actions dans différents endroits, Rémy Louchart confronte l’art à ses lieux et à ses « non lieux », posant ainsi la question de savoir s’il existe-t-il un lieu pour l’art.

D’autres artistes, plus simplement, bouleversent le spectateur par le contenu de leur œuvre et leur mode de présentation. Dans Who Are the Animals, Pascal d’Hoeraene projette de petits films sur les traitements que l’homme fait subir aux animaux, sous couvert de la science, du progrès et de la rentabilité. A ceci près que, derrière leur masque de souris, de chèvre, de vache ou de cochons, ces animaux sont des hommes. Confronté à sa propre image, le spectateur regarde et écoute, impuissant, les témoignages de vaches devenues folles, de souris brûlées par des crèmes solaires, d’araignées mutantes qui lui renvoient le reflet de sa condition: « L’homme est son propre cobaye ». L’art se fait ici provoquant et subversif: il dérange.

Avec cette exposition sans queue ni tête, la galerie pousse jusqu’à son paroxysme la notion de bouleversement. Tout est mis sens dessus dessous, de la galerie aux œuvres qui utilisent et explorent toutes les formes de désordres. Les raccourcis et décalages qui en résultent, déstabilisent le spectateur dans sa passivité et brouillent les frontières de l’art.

Les événements
26 janvier
— Tsuneko Taniuchi : Micro-événement n° 14. Love me Tender : elle cherche des épouses et des maris.
— Lancement des sites internet de Dominique Gonzalez-Fœrster et de Jay Jay Johanson.
2 février
— Sylvie Laliberté : Compilation, 1996-1999. Vidéo et musique.
9 février
— Claude Closky : diffusion de l’interview réalisée par Samantha Laurent.
— Rémy Louchart : Il faut vider le fleuve à la Galerie Jennifer Flay. Performance.
16 février
— Pascal d’Hoeraene : Who Are the Animals. 7 films, 6 photographies extraites des films (20 x 150 cm).
23 février
— Catherine Whippey, Paul Rooney : Vidéo programmation.
— Robert Estermann : Very Yellow Plane. Performance.
— Claude Closhy : signature de son livre Mon père, éd. M19.
2 mars
— Tsuneko Taniuchi : présentation vidéo de la performance Love me Tender.
— Tsuneko Taniuchi : buffet de mariage ( sur invitation)

AUTRES EVENEMENTS PHOTO