Ainsi donc, si l’art brésilien appartient de plein droit à la scène mondiale de l’art contemporain, sa valeur ne réside plus dans une sorte d’idiosyncrasie propre à ce pays, mais dans la sincérité et l’authenticité de chacun de ses créateurs : des quatorze artistes invités par la galerie Vallois, trois ont plus particulièrement retenu notre attention.
Henrique Oliveira, d’abord, dont la sculpture gigantesque semble faire du mur sur lequel elle s’appuie une matière en pleine efflorescence. Ses formes arrondies, telles des chrysalides sur le point de se rompre, semblent vouloir nous chuchoter à l’oreille que des cimaises aux joues blafardes devrait bientôt naître une œuvre à nulle autre pareille… une œuvre vivante !
Prenant le contre-pied de cette efflorescence hideuse (mais non dépourvue d’avenir et de valeur), les collages de Marco Paulo Rolla nous dévoilent, quant à eux, l’envers de toute beauté qui ne désire s’en tenir qu’aux apparences. Superposant aux images de modes et aux publicités de produits cosmétiques la présence de la mort (sous forme d’un squelette), ses œuvres nous révèlent l’affreuse vérité voilée qui se tient derrière le sacro-saint fantasme de la femme-objet — la victoire inavouable du temps sur toute beauté éphémère.
Mais c’est sans doute les œuvres de Laura Lima qui caractérisent le mieux la position délicate dans laquelle se trouve les artistes contemporains du monde entier. Travaillant à partir de reproduction d’œuvres classiques (Bruegel, Dürer ou Manet), Laura Lima leur surajoute, au stylo bille, des éléments qui n’y étaient pas : sur le célèbre Déjeuner sur l’herbe de Manet, par exemple, elle rhabille la jeune femme nue qui faisait scandale et plante au centre du tableau, un arbre qui ruine l’effet de perspective.
Que penser de ces ajouts ? Qu’apportent-ils à l’œuvre première ? Ne sont-ils que des griffonnages en mal d’inspiration, ou bien faut-il leur prêter plus d’attention? Là encore, comme dans nombre d’autres œuvres d’art contemporain, il semble que ce soit non pas au critique d’en juger mais au marché de l’art seul.
— Dias & Riedweg, The House, 2007. Installation vidéo. Dimensions variables
— André Komatsu, Epilogue 3 (Ha-Ha) / Série Reflux saisonnier, 2008. Aquarelle sur papier. 220 x 160 cm
— Laura Lima, Untitled, Flexible Gold series, 2008. Stylo doré sur catalogue. 25 x 24 cm
— Henrique Oliveira, Untitled, from the “Tapumes” series, 2008. Bois, PVC. 330 x 600 x 190 cm
— Jarbas Lopes, Cicloviaérea, 2008. Osier sur bicyclette. 177 x 62 x 107 cm