Communiqué de presse
Grégory Chatonsky, Till Roeskens, Deborah Stratman
See (&) wait
« See (&) Wait » (en renversant l’ordre des termes de l’expression d’origine anglaise Wait & See) tente indifféremment de répondre à deux propositions distinctes. Le premier terme, le verbe anglais (to) see (=Voir), renvoie à la notion de surveillance optimisée. Le second terme, le verbe anglais (to) wait (=Attendre), dérive directement de la notion de « latence ».
Nos comportements font l’objet d’un contrôle généralisé dans l’espace public (caméras de surveillance, contrôle systématisé,…) comme dans l’espace privé (surveillance de la nature de nos visites et correspondances sur internet), et paradoxalement, les espaces concrets et virtuels qui nous sont proposés, ne nous ont jamais autant promis en termes de désirs et de sollicitations, qu’aujourd’hui.
L’abstraction de l’espace par la possibilité inouïe de déplacement virtuel sur internet nous a fait oublier que ce repli de l’espace n’était qu’un leurre constitué de flux nous soumettant à la dictature implacable du temps. Cette promesse d’espaces à découvrir et à s’approprier possède son lot de contraintes dont la principale d’entre-elles demeure celle du temps (Till Roeskens).
Et bien que la réduction, sans cesse repoussée, de la latence séparant nos désirs de leur réalisation, nous rapproche de manière exponentielle de l’immédiateté et de la simultanéité, les promesses des espaces virtuels demeurent irrémédiablement dépendantes de l’attente car constituées à l’image de tous les processus de communication d’un langage propre, dont il est impossible d’abstraire le temps qui conduirait à leur matérialisation spontanée (Grégory Chatonsky).
C’est dans cet interstice temporel que se trouvent prisonniers nos désirs de liberté mais également nos craintes de contrôle. Un temps que la machine ne pourra jamais abolir, laissant planer sur nos vies le doute réel qu’il existe bel et bien des espaces concrets où l’on ne peut plus se trouver sans se sentir coupable de s’être posé la question des raisons qui nous ont poussé à nous y rendre (Deborah Stratman).