Pascal Broccolichi
Seconde–lumière
L’œuvre hybride de Pascal Broccolichi prend sa source dans une approche focalisée sur le son qu’il envisage comme un vocabulaire de formes servant à sculpter l’irreprésentable. Alliant subtilement poésie et technologie, il plonge le visiteur dans des environnements bruitistes et visuels à la limite d’une architecture utopique suspendue dans une atmosphère contemplative.
«Traitant de l’inaperçu comme véritable objet de l’art» selon Thierry Davila, les sons que recueille Pascal Broccolichi deviennent autant l’archive inépuisable d’un espace, qu’une matière ou un événement qu’il réintroduit dans des installations. Ces œuvres parfois rejouées et transformées demeurent des épisodes qui évoluent au cours de chaque exposition.
A la Maréchalerie, l’artiste investit l’espace visible et invisible en s’appuyant à la fois sur le son, la lumière et la structure du bâtiment, immergeant ainsi le centre d’art dans la quasi-obscurité d’un environnement d’écoute acousmatique. Ici, il réalise la mise en scène d’un «théâtre d’ondes», un territoire révélateur de phénomènes physiques mais aussi psychiques dans lequel est présenté un dispositif in situ constitué de deux œuvres qui coexistent l’une à l’intérieur de l’autre de façon complémentaire et simultanée.
La première, Hyperprisme 4 (2015), impose au visiteur une immense cimaise noire percée de 20 pavillons acoustiques. A partir de captations hydrophoniques et électromagnétiques réalisées dans les bassins du parc du Château de Versailles, Pascal Broccolichi imagine une véritable architecture sonore composée d’un vaste miroir acoustique qui fait écho aux sphères de verre de l’œuvre Espace résonné (2013). Enregistrées dans une gamme de fréquences habituellement imperceptibles pour l’oreille humaine, ces ondes ne figurent pas des sons reconnaissables, mais plutôt des flux d’énergie aux mouvements extrêmement lents.
La seconde, Espace résonné, dialogue au sens premier du terme, avec l’installation monumentale. Ce projet développé pendant deux ans avec l’équipe du Cirva (Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts plastiques, Marseille) à partir d’un phénomène sonore complexe, «l’harmonique infini», se compose de deux sphères de verre soufflé constituées de résonateurs acoustiques qui captent et démultiplient la fréquence de résonance de la salle d’exposition. Cet effet provoque une réaction en chaîne et la mise en boucle de l’ensemble du système sonore. Sorte d’écosystème perpétuel, la matière acoustique contenue dans Hyperprisme 4 est absorbée par les sphères d’Espace résonné et s’auto-alimente à l’infini, donnant ainsi au visiteur à expérimenter une autre perception temporelle et spatiale.
Vernissage
Mardi 7 avril à 18h
critique
Seconde-lumière