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Second Hands

27 Mai - 23 Juil 2016
Vernissage le 26 Mai 2016

L’exposition «Second Hands» rassemble à la galerie Binôme des artistes qui se réapproprient d’anciennes photographies pour nourrir leurs œuvres. Le retour sur la matérialité de l’argentique ouvre la réflexion sur les enjeux contemporains du rôle et du devenir des images.

Avec l’exposition «Second Hands» la galerie Binôme rassemble des plasticiens, photographes et collectionneurs qui font des photographies anciennes la matière première de leurs œuvres.

Le jeu de mot offert par le titre de l’exposition cerne parfaitement son propos: «Second Hands» fait autant référence à la notion de produit de seconde main, d’occasion, qu’aux deuxièmes mains créatrices, qui d’une première œuvre font naître une nouvelle.
Tous les artistes de l’exposition ont en effet en commun de transforment par différents moyens des tirages ou négatifs anciens qu’ils trouvent dans des brocantes, des archives de studios photographiques, via Internet ou lors de ventes aux enchères. À l’ère de la dématérialisation numérique, les sept artistes opèrent un retour vers le tangible en se réappropriant des tirages argentiques, photographies anonymes auxquelles ils confèrent un statut d’œuvre.

L’œuvre d’Emmanuelle Fructus intitulée Femmes est constituée de centaines de petites photographies de gens ordinaires qu’elle a minutieusement triées et découpées puis collées sur un carton. Elle prend l’aspect d’un vertigineux mémorial.

Le travail de Laurent Lafolie relève, quant à lui, moins d’un exercice de mémoire que d’une représentation de la finitude humaine. Utilisant tous les négatifs de l’année 1956 d’un studio de photographie, il les a tirés en étalonnant leurs contrastes et les a alignés dans un dégradé du noir uniforme au blanc uniforme.

Les images à quatre mains de Melinda Gibson et Thomas Sauvin opèrent à partir d’un fonds de plusieurs centaines de milliers de négatifs collectés en Chine depuis 2009 par Thomas Sauvin — tous étaient promis à la destruction dans une entreprise de recyclage de nitrate d’argent située au nord de Pékin. Sauvés de la destruction, ces négatifs sont présentés dans un état intermédiaire entre leur sauvegarde et leur disparition : ne partie est préservée et l’autre est détruite par les composants issus des cuves de recyclage où elles devaient être dissoutes. On mesure ainsi le caractère éphémère des négatifs, destinés à être altérés par la matière organique qui se développe à leur surface.

Ces pratiques transdisciplinaires nous invitent à réviser notre approche habituelle des images. Elles se nourrissent de photographies anciennes pour mieux évaluer le rôle des images dans la société contemporaine qui les surproduit.

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