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Sculptures

PClément Dirié
@12 Jan 2008

« Sculptures » : exposition exemplaire de la pertinence de la démarche minimaliste et de la vigueur des derniers travaux de François Morellet.

Si l’on est en désamour avec l’art minimal et ses démarches, il faut absolument aller voir et ressentir les œuvres inédites de François Morellet exposées à la galerie Liliane et Michel Durand-Dessert.

Simplement intitulé « Sculptures », cette exposition est à la fois exemplaire de la pertinence de la démarche minimaliste — le site dans lequel elle prend place ne fait que renforcer cette impression —, et de celle d’un artiste dont les derniers travaux révèlent la vigueur et la réflexion.

Sur les deux niveaux de la galerie sont déployés douze travaux en plusieurs séries : les Beaming, les Climbing Beam, les Super positions et les Ratés. Les pièces Ratés sont probablement les plus fortes.
Ces travaux jouent avec l’espace et sa perception, avec les formes et l’algèbre. Pour les séries Beaming et Climbing Beam, François Morellet introduit en effet, avec le développement de la suite des décimales du nombre , un facteur mathématique à la fois aléatoire et logique qui unifie ces deux notions supposées contraires, et qui enrichit sa démarche minimaliste.

Alors qu’il traduisait la suite infinie des chiffres 3,14159 en degrés et en angles au moyen de segments de droites, ici, ce sont des poutres (beam en anglais) qui sont utilisées. Le terme beaming signifie également scintillant, qui rayonne, comme ces poutres lancées dans de multiples directions, telles des puzzles à la complexification progressive.

En tout cas, l’utilisation de couleurs simples et de matériaux de base, permet d’explorer les rapports effectifs et potentiels entre l’espace et la sculpture. Celle-ci nourrit le lieu autour d’elle, tandis que les modalités de sa réalisation (une sorte de développement organique) renseignent sur le début et l’arrêt du travail créatif.

François Morellet trace des voies pour rentrer dans l’œuvre et pour s’approprier l’espace. Dans les Ratés, l’aspect ludique le dispute au work in progress. À chaque fois certains éléments semblent en dehors de la composition, comme en infraction. Soit, ils ne sont pas à leur place, laissant un blanc au coeur de l’œuvre. Soit, ils sont de trop, introduisant un déséquilibre et une extériorité à ce qui se voudrait un ensemble carré cohérent. Les quatre travaux-tableaux en deux dimensions résument avec économie les recherches de l’artiste.

— Beaming n° 8,1 = 7° , 2002. Alucobon rouge. 315 x 413 x 150 cm – 10 poutres 300 x 15 x 15 cm.
— Beaming n° 7,1 = 50° , 2002. Alucobon noir. 900 x 845 x 150 cm – 10 poutres 300 x 15 x 15 cm.
— Climbing Beam, 20°-40°-60°, 2002. Medium collé. 107 x 96 x 60 cm – 4 poutres 100 x 15 x 15 cm.
— Climbing Beam, 27,5°-55°-82,5°, 2002. Medium collé. 116 x 104 x 60 cm – 4 poutres 100 x 15 x 15 cm.
— Climbing Beam, 35°-70°-105°, 2002. Medium collé. 111 x 150 x 60 cm – 4 poutres 100 x 15 x 15 cm.
— Beaming n° 4,1 = 6° , 2002. Acrylique bleu sur poutres de bois brut. 155 x 150 x 80 cm – 9 poutres 150 x 9 x 9 cm.
— Raté n° 2, 2002. Acrylique sur éléments de contreplaqué collé. 106 x 93 cm.
— Raté n° 1, 2002. Acrylique sur éléments de contreplaqué collé. 80 x 80 cm.
— Super positions n° 1, 2002. Alucobon jaune. 210 x 210 x 140 cm.
— Super positions n° 2, 2002. Alucobon jaune. 280 x 210 x 210 cm.
— Raté n° 3, 2002. Acrylique sur éléments de contreplaqué collé. 93 x 80 cm.
— Raté n° 4, 2002. Acrylique sur éléments de contreplaqué collé. 80 x 93 cm.

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