Avec l’exposition « Sculpture as place, 1958-2010 », le Musée d’Art moderne de la ville de Paris poursuit sa mise en lumière des œuvres qui ont fondé la modernité en s’intéressant à celle de Carl Andre. Des sculptures surtout, mais aussi des photographies, œuvres sur papier, poèmes et autres œuvres inclassables forment un panorama complet de la carrière de ce représentant majeur du minimalisme.
Carl Andre explore les propriétés de la matière
Une quarantaine de sculptures monumentales permet d’appréhender la démarche de Carl Andre, aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands sculpteurs du vingtième siècle. Dès les premières Å“uvres des années 1960 se dessine une approche particulière de la sculpture comme moyen d’explorer la forme, la matière et l’espace. La sculpture Scatter Piece, réalisée en 1966, comme l’œuvre intitulée Tin Ribbon, réalisée en 1969, manifestent l’intérêt de Carl Andre pour les matériaux industriels bruts qui lui permettent de se confronter directement aux propriétés intrinsèques de la matière : sa forme, sa masse, sa texture, sa solidité… La première sculpture est un ruban métallique enroulé sur lui même, la deuxième Å“uvre est constituée d’un assortiment de billes de roulement, des petits blocs d’aluminium et de plexiglas éparpillé sur le sol. Deux façons, l’une par l’enroulement infini, l’autre par la dispersion, d’empêcher de circonscrire l’œuvre.
« Sculpture as place » : la sculpture en tant que lieu
Les sculptures et installations résultent de la collecte d’éléments bruts tels que le métal, le bois, la brique ou même des bottes de foin qui sont ensuite assemblés selon une démarche qui prend en compte les lieux d’exposition. L’œuvre est toujours une mise en espace qui se confronte aux espaces dans lesquels elle s’inscrit, qu’il s’agisse de musées, de galeries ou de villes. Cette relation entre l’œuvre et son environnement aboutit à la création de pièces qui affirment fortement leur présence tout en s’intégrant si parfaitement à leur contexte qu’elles semblent en faire partie.
Les sculptures monumentales comme Uncarved Blocks Lament for the Children ou Breda, dont les éléments (blocs de bois ou de ciment) occupent des pièces entières, témoignent d’une évolution du statut de la sculpture chez Carl Andre. Initialement perçue comme forme puis comme structure, elle est finalement considérée comme un lieu à part entière. Le titre de l’exposition, « Sculpture as place » (la sculpture en tant que lieu), fait écho à cette conception.