L’exposition « Le silence » à la galerie Michel Rein, à Paris, présente de nouvelles œuvres d’Anne-Marie Schneider, des dessins, peintures et assemblages au style faussement enfantin qui abordent des thèmes intimes et forts.
« Le silence » : dessins, peintures et assemblages d’Anne-Marie Schneider
Le titre de l’exposition, « Le silence », semble étrangement contredit par de nombreuses œuvres inspirées par la musique. Pourtant, il apparaît rapidement que, chez Anne-Marie Schneider, le thème apparent n’est qu’un prétexte pour aborder des sujets plus larges et plus profonds, de même que la facture très simple, approximative et quasi enfantine de ses représentations masque un univers sensible où l’expression de l’intime renvoie à celle de la condition humaine.
La diversité de la pratique de d’Anne-Marie Schneider se reflète à travers les nombreux médiums que l’on découvre dans l’exposition. L’œuvre intitulée Le silence réunit sur un pan de mur cinq personnages faits de feutrine et de papier aquarelle découpés et assemblés par des épingles. Se tenant dans différentes positions, ils présentent une tête systématiquement recouverte d’un rond de feutrine blanc qui se confond avec d’autres ronds similaires, maniés tels des ballons.
Anne-Marie Schneider dessine des peurs intimes et universelles
Plus loin, un ensemble d’œuvres autour du violon, Sans titre (violonistes), Sans titre (mains de violoniste), ou encore Sans titre (violoniste royal), mêle aquarelle et encre de chine sur papier, un autre ensemble autour des notes de musique n’a recours qu’à du crayon et à un peu d’aquarelle sur papier, tandis que les œuvres intitulées La note rose et La note bleue assemblent des bandes de bois peintes figurant des portées musicales et des câbles électriques tordus et noués de façon à représenter des notes et des personnages.
Central dans l’œuvre d’Anne-Marie Schneider, le dessin s’apparente à l’écriture au long cours d’un journal intime, et se fait, à travers des associations, des symboles, des détournements, l’écho de peurs, de la nécessité de se protéger face à la violence du monde ou des pouvoirs culturels, politiques ou économiques. Dans la série Sans titre – (notes de musiques), les portées et les notes se libèrent de leurs structures conventionnelles pour former de nouvelles figures, émancipées ; dans la peinture Sans titre (i bulding #1), un enfant se tient en bas d’une haute bande de quadrillage verticale surmontée d’un rond tel un soleil, évoquant l’individu terrassé par l’immensité urbaine ; dans le dessin à l’aquarelle et à l’encre de Chine Sans titre (déconditionner), une boîte de conserve ouverte laisse échapper des êtres humains…